
Le terme «Faso dan fani» signifie littéralement en dioula «le pagne tissé de la patrie» (fani: pagne, dan: tissé; faso: patrie). Comme beaucoup de peuples d’Afrique de l’Ouest, les Burkinabé connaissent bien l’art du tissage

Aussi, le Burkina Faso compte parmi les grands pays producteurs de coton (1er producteur africain, 9ème mondial pour la période 2015/2016); ce qui est de nature à favoriser la production textile du pays.
Jusque là, le tissage qui était une activité masculine est à présent majoritairement pratiqué par les femmes. La religion est au cœur de la transmission de ce savoir faire, car l’islam a introduit le métier à tisser chez les hommes, et les missions chrétiennes ont developpé cette technique dans le milieu féminin.
Jusqu’en 2001, une usine textile située dans la ville de Koudougou fournissait le coton filé aux artisans: l’usine Fasofani (littéralement le pagne du pays). Koudougou est située à une centaine de kilomètres de la capitale Ouagadougou. C’est en 1970 que l’usine textile y a été inaugurée sous le nom de VOLTEX (Volta Textiles). A l’époque, le pays s’appelait Haute Volta.
En 1983 à la suite de la « révolution » avec Thomas Sankara, l’usine a été renommée Faso Fani. Mais… les problèmes financiers ont eu raison de Faso Fani qui a fermé ses portes en 2001. Désormais, c’est l’usine Filash (Filature du Sahel) située à Bobo Dioulasso qui assure la production du fil de coton.
Les métiers à tisser se sont modernisés au fil du temps; et surtout sous l’impulsion de Sankara, le textile va prendre de la valeur et avoir une place de choix. Les femmes s’organisent en coopératives et en associations pour faire de leur occupation de tisserande un vrai métier.
Le développement du faso dan fani soutenu par une volonté politique
«Produisons et consommons burkinabé» , tel avait été le mot d’ordre du président Thomas Sankara lorsqu’il a mis le faso dan fani sur le devant de la scène. «Porter le faso dan fani est un acte économique, culturel et politique de défi à l’impérialisme», avait il l’habitude de dire. Sous son régime, ce pagne traditionnel représentait un tel symbole que son port avait été imposé par décret aux fonctionnaires.
Ainsi, l’organisation de la production des femmes se conjugue avec un objectif de consommation locale, c’est-à-dire que les rouleaux d’étoffes tissées ne sont pas destinés à l’exportation, mais s’adressent avant tout aux populations locales.
La volonté politique forte de mettre en avant le Faso dan fani est remarquable. L’œuvre qu’avait commencé Thomas Sankara à l’époque de sa révolution ne s’est pas essoufflée à sa mort. Pour preuve, le président Blaise Compaoré son successeur a continué à en porter même s’il n’est pas allé aussi fort que Sankara à l’imposer aux fonctionnaires.
Une autre preuve de la place importante du Faso dan fani dans la culture burkinabé est la mise en place du concours de la meilleure étoffe, le 8 mars 1996 pour la Journée de la femme. Jusqu’aujourd’hui, il y a beaucoup d’actions de valorisation de ce textile aussi bien au Burkina que parmi la diaspora
- Dan Fani Fashion Week: comme son nom l’indique, une Fashion Week avec le Faso dan fani à l’honneur. La première édition s’est tenue en 2015 à Ouagadougou
- Journées de valorisation du Faso dan fani à Ouagadougou. La 2eme édition est prévue en mars 2017
- La nuit du Faso dan fani à Paris a eu sa seconde édition en Juin 2016
On le voit, certainement beaucoup plus que d’autres pays francophones, les Burkinabés ont compris l’importance de valoriser leurs textiles traditionnels.Entre usage traditionnel et usage moderne
L’usage traditionnel du Faso dan fani, ce sont des tuniques amples pour hommes et femmes. C’est le cas ici avec le président Roch Kaboré qui s’est fièrement distingué avec sa en tunique réalisée en Faso dan fani en Janvier 2016 au sommet de l’Union Africaine et également en audience présidentielle.


Les créateurs et stylistes se sont appropriés le textile pour en proposer des vêtements chics et modernes: des chemises pour hommes, des vestes et robes pour femmes.
Défilé lors de la nuit du Faso dan fani à Paris en Juin 2016


Le jeune créateur d’origine burkinabé, Bernie Seb, lui aussi rend honneur au Faso dan fani avec sa marque De la Sébure


Notre coup de coeur revient à la collection Printemps été 2016 du styliste ivoirien Elie Kuamé. On est d’abord séduit par les couleurs éclatantes qu’il a choisies mais ensuite par la qualité des coupes, flatteuses pour la femme et très dans l’air du temps.




Et la suite? Elle ne peut qu’aller que dans le sens de la démocratisation de l’usage du faso dan fani dans les collections de créateurs: la volonté politique étant déjà acquise, la concrétisation en moyens financiers est plus que bienvenue. A noter d’ailleurs l’existence sur le marché burkinabé de faso dan fani réalisé en Chine, qu’on ne peut que regretter quand on connait l’histoire de ce pagne, et même le nom dont la signification est sans équivoque.
Où acheter du faso dan fani
Le prix d’un pagne faso dan fani oscille entre 7500 et 15000 F CFA suivant la qualité. Pour s’approvisionner, rien de mieux que les marchés au Burkina ou directement auprès des coopératives de tisserandes burkinabés.
Le site burkinabé Faso dan fani fait de la vente en ligne (au Burkina) et est certainement un bon point d’entrée pour qui veut s’approvisionner en étant à distance. Le site commercialise des étoffes de faso dan fani ainsi que des produits finis (robes, tuniques, chemises, sacs,…)