
Dans une interview accordée à Afrique Renouveau Lise Kingo, directrice exécutive du Pacte Mondial (qui mobilise un mouvement mondial des entreprises durables), à évoquer le rôle des Partenariats Public-Privé (PPP) en Afrique. Selon elle, ce partenariat entre les gouvernements et leurs secteurs privés est un moyen d’atteindre de manière plus efficace les Objectifs du Développement Durable (ODD) de 2035. Dans le contexte africain, les partenariats public-privé ont permis, entre autres, la construction de plusieurs projets d’infrastructure. Quelles sont les initiatives du secteur privé africain et quels résultats il apporte dans l’atteinte des objectifs? Nous avons tenté de savoir.
L’atteinte des ODD passe impérativement par une collaboration entre les Etats et le secteur privé. Dans un environnement aussi lié, aucun secteur ne peut cheminer seul. Si l’on prend l’exemple du secteur de l’agriculture, dans un rapport paru le 07 juillet dernier, l’AGRA (Growing Africa’s Agriculture) préconise de renforcer les Partenariats Public-Privé (PPP).
Le secteur privé booste l’agriculture
D’après le rapport, le secteur privé détient les solutions pour transformer le système alimentaire africain grâce à son engagement dans l’ensemble de la chaîne de valeur.
En effet, aujourd’hui, des investisseurs contribuent à l’atteinte des ODD en intervenant sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Ainsi, des initiatives apparaissent dans des communautés agricoles ou dans des entreprises de transformation. En guise d’exemple, on peut citer Alterfin qui mobilise du capital en Belgique afin d’investir dans les pays en voie de développement en octroyant des prêts aux IMF (Institution de Micro Finance) qui, à leur tour, offrent des micro crédits aux petites entreprises locales et aux agriculteurs.
AgDevCo a investi dans EFTA Ltd, une société de financement tanzanienne qui fournit des équipements agricoles en crédit-bail [contrat par le quel une personne, le crédit bailleur (société de financement, banque…) achète un bien et le met à la disposition d’une autre personne, le preneur (locataire), moyennant le paiement d’un loyer]. On peut également évoquer Injaro Agricultural Capital Holdings Ltd (Injaro) qui a été créé pour investir sur la chaîne de valeur agricole et pour faire progresser les objectifs sociaux de lutte contre la pauvreté et la revitalisation des régions en manque d’essor en Afrique de l’Ouest. Injaro cible les individus gagnant moins de 2 dollars par jour et les petits producteurs cultivant moins de 2 hectares qui fournissent ou transforment des matières premières à ses entreprises partenaires. Injaro a, par exemple, investi dans Sekaf, une entreprise ghanéenne qui a signé un partenariat avec 22 villages collecteurs de noix de karité sous une certification écologique.
Par conséquent, il apparaît fondamentale de créer un environnement où ces entités (Etats, entreprises et ONG) peuvent interagir pour trouver des solutions.
Mobiliser les entreprises
Cette mutualisation du savoir-faire est un aspect fondamental pour renforcer les atouts du continent. Par exemple, dans le domaine de la construction des villes durables, un travail doit être mené entre gouvernement et secteur privé. En 2030, 60% des Africains vivront dans les villes et dans certains pays, jusqu’à 80% de la population sera urbaine. Cette urbanisation est une occasion à saisir selon Lise Kingo :
Pour les partenariats public-privé, cette urbanisation rapide est une excellente occasion d’investir dans la création de villes plus durables, de nouvelles possibilités d’emplois grâce à l’innovation, l’entreprenariat et l’amélioration des systèmes de santé et d’assainissement.
En effet, le secteur privé a une capacité d’estimer les besoins de la population et d’offrir des dispositions adéquates pour l’atteinte des objectifs. Et le secteur privé africain est prêt à relever ce défi. D’ailleurs, il propose toujours des solutions nous rappelle Lise Kingo :
En Afrique, le secteur des télécommunications mobiles s’est non seulement illustré par ses innovations propices au développement avec le transfert de fonds par téléphone et l’utilisation de la technologie mobile pour faire progresser la santé et l’éducation, mais aussi par ses partenariats avec les gouvernements visant à élargir l’ampleur de ces initiatives pour ensuite reproduire ces modèles dans d’autres pays africains.
Consciente de l’importance du travail des entreprises dans ce processus d’atteinte des ODD, Lise Kingo souligne l’urgence de réunir les entreprises pour répondre aux objectifs.
Avec moins de 5000 jours pour répondre aux ODD, il nous faut mobiliser les entreprises pour intensifier considérablement leur impact .
Éradication de la pauvreté, amélioration de la santé mondiale, une éducation pour tous et la réduction des effets du changement climatique d’ici 2030, le chantier est gigantesque et les moyens financiers des Etats ne pourront suffire. C’est pourquoi, il est impératif d’associer le secteur privé pour réunir plus de fonds. L’Afrique, un continent où les experts découvrent chaque jour un potentiel inexploité, demeure un espace où les entreprises doivent renforcer leur présence pour identifier les liens transfrontaliers et les opportunités d’affaires afin de faciliter l’atteinte des ODD de 2030. En guise d’exemple, la Banque Mondiale assure que le marché africain de l’agroalimentaire pourrait passer de 300 milliards de dollars actuellement à 1 000 milliards de dollars d’ici 2030.