L’intoxication au plomb est un des problèmes environnementaux et de santé publique le moins médiatisé. Pourtant, ce métal toxique a des effets dévastateurs sur l’environnement et sur la santé humaine. Les peintures avec un taux de plomb très élevé sont particulièrement néfastes pour la population, surtout les enfants, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

L’OMS estime à 494 550 le nombre de décès causés par une exposition au plomb et à 9,2 les années de vie perdues en moyenne en raison des effets à long terme sur la santé.

 

 

«Les peintures contenant un taux élevé de plomb sont une source importante d’intoxication à la maison, notamment chez les enfants», indique l’OMS, qui relève dans un article publié en octobre 2017 que le phénomène est largement reconnu par les experts en santé dans le monde.

«Le rôle de l’exposition au plomb dans le développement de la déficience intellectuelle chez l’enfant est particulièrement préoccupant.» – OMS

De la nécessité d’une politique d’élimination des peintures au plomb

En 2002, une alliance mondiale a été créée pour accompagner tous les pays dans la mise en place d’un cadre réglementaire en vue d’éliminer l’utilisation des peintures au plomb. Selon une enquête de l’OMS menée en février 2017, en collaboration avec le programme des Nations Unies pour l’Environnement, seuls 64 pays dans le monde ont confirmé l’adoption de textes juridiques et contraignants concernant l’usage des peintures au plomb. En Afrique, seuls l’Algérie, l’Afrique du Sud, le Kenya et la Tanzanie ont adopté des politiques sur la fabrication, l’importation et l’exportation des peintures au plomb.

Les revêtements muraux, une peinture écologique en design

Au Togo, 50% des peintures commercialisées ont des concentrations en plomb supérieures à 90 parties par million (PPM), selon une étude menée par l’ONG Amis de la Terre. Devant l’inertie de l’État à protéger la population contre l’intoxication au plomb, un jeune artiste togolais, Laurent Ametoenyenou, a décidé de s’attaquer à ce tueur lent, en développant un produit écologique : le revêtement mural. Son initiative semble répondre favorablement au besoin de décoration des habitats sans le risque de s’exposer au plomb.

« Le revêtement par le papier peint est une couverture et en même temps une décoration de l’intérieur. Le papier peint ne contient pas de produits chimiques comme on les retrouve dans les peintures. Ce qui fait que quand on le pose sur les murs de la chambre, on ne risque pas d’avoir des désagréments qu’on a lorsqu’il s’agit des peintures » – Laurent Ametoenyenou

Le revêtement mural coûte légèrement plus cher que la peinture. Son application exige labeur et concentration pour en arriver à une superbe finition.

« Vous êtes obligé d’aérer votre chambre deux ou trois jours avant d’y dormir, lorsque vous avez mis de la peinture sur le mur. Mais avec le papier peint, nul besoin de le faire. Les murs ne dégagent plus de la chaleur avec des odeurs toxiques dans la chambre » confie le jeune artiste.

Dans les pays ouest-africains, le revêtement mural n’est pas répandu. C’est même une technique de décoration très rare, qu’on observe seulement dans les suites et salons de certains hôtels et résidences privées de personnes nanties, bien au fait des effets nocifs de certaines peintures. Or, il est très difficile de distinguer à vue d’œil les bonnes peintures de celles qui sont toxiques.

Avant de poser son papier peint, Laurent débarrasse d’abord les murs des grains de sable à l’aide d’un couteau. Il n’utilise ensuite que des produits naturels pour effectuer son travail.

«Il n’y a aucun produit chimique ni toxique dedans. C’est naturel. Nous n’utilisons pas de la colle qu’on vend au marché. L’eau mélangée avec de la pomme de terre naturelle revient sous forme d’amidon. C’est ce que nous mettons derrière le papier peint avant de coller ça au mur. Ensuite, nous coupons le papier en haut pour que cela soit bien adapté au plafond, et en bas pour que ça soit au même niveau que le carreau.» – Laurent Ametoenyenou

La semaine internationale pour la prévention de l’intoxication au plomb se déroulait du 22 au 26 octobre. Pour l’OMS et l’Alliance mondiale pour l’élimination des peintures au plomb, il faut accroître la sensibilisation à ce problème d’intoxication, mettre de l’avant les efforts déployés par les pays et les partenaires pour le prévenir et exiger que de nouvelles mesures soient prises afin d’éliminer les peintures au plomb.