Le Swaziland est un royaume très ancré dans ses traditions ancestrales et certaines sont toujours pratiquées dans ce petit territoire de l’Afrique australe. Les Swazis, peuple se revendiquant volontiers comme africain et fier de l’être, mettent à l’honneur à différents moments de l’année, des rites ancestraux auxquels tous sont conviés afin de revaloriser la culture, de porter allégeance au roi, mais surtout pour honorer les ancêtres.

Outre l’umhlanga, ou danse des roseaux, de nombreuses cérémonies sont célébrées tout au long de l’année. Le roi, représentant de Dieu sur terre, en est souvent la vedette. C’est le cas de l’incwala, ou cérémonie de la royauté. D’habitude, elle a lieu le quatrième jour après la pleine lune du solstice d’été. On l’appelle souvent la « cérémonie des fruits » puisqu’elle honore la récolte de l’année, mais en réalité, elle a encore bien plus de signification.

 

Chaque Swazi peut participer aux cérémonies publiques de l’incwala, surtout celles célébrées le 4e jour. Les personnages clés sont le roi, la reine mère, les épouses et les enfants royaux, les gouverneurs royaux (indunas), les chefs, les régiments et les «bemanti» ou «personnes de l’eau», qui sont les prêtres nationaux à l’origine de la tenue de ce rituel.

L’incwala a lieu sur une période d’environ un mois, commençant par le petit incwala pour aboutir au grand incwala. Un certain nombre d’activités, telles que le lusekwane, le kuhlamahlama, et l’umdvutjulwa marquent les événements principaux de cette tradition historique.

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Les princesses dansant devant les guerriers Ⓒ http://ozoutback.com.au

D’autre part, les princes et les chefs héréditaires qui n’appartiennent pas au clan royal (de Dlamini) ne sont jamais en contact étroit avec le roi. Les princes doivent cependant être présents, mais ils ne peuvent pas entrer dans le sanctuaire au moment crucial du rituel. Ils ne peuvent pas s’occuper de l’incwala, car leur mysticisme est si puissant que leur personnalité pourrait combattre celle du roi et le blesser. Par leur exclusion, ils acceptent donc la suprématie du Dlamini et montrent leur indépendance relative dans leurs propres cérémonies locales. Les citoyens, ainsi que la majorité des participants, arrivent dans les contingents locaux, menés par leur chef ou son représentant. Ils viennent pour soutenir la royauté. Le devoir d’organiser la cérémonie, de s’assurer qu’on la tient à la bonne date, de préparer les ustensiles, de fournir les ingrédients requis et d’informer la nation incombe aux gouverneurs des villages royaux. La mobilisation pour chaque scène du rite appartient aux fonctionnaires régimentaires.

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Guerriers swazis lors de l’incwala Ⓒ https://www.youtube.com

Les hommes portent leur tenue de guerre, mais les armes dangereuses sont interdites, car l’excitation étant à son comble pendant les festivités, le risque qu’un combat puisse éclater est présent. Les vétérans chantent lentement des chansons sacrées, puis les femmes arrivent par l’entrée supérieure de l’étable de bétail pour s’associer au chant et à la danse. Les épouses du roi se tiennent par ordre d’ancienneté dans la première ligne, vis-à-vis des régiments. Elles affichent de nouveaux châles et jupes teintées. Derrière elles se tient la reine mère avec ses serviteurs et les coépouses du défunt roi. Les chansons sacrées du petit incwala sont suivies d’un certain nombre de chansons solennelles, connues sous le nom d’imigubho, qui sont riches en allusions historiques et préceptes moraux.

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Hommes en tenue traditionnelle swazie pour l’incwala Ⓒ https://afrotourism.com

Le lusekwane marque le début du grand incwala. C’est le moment où les jeunes hommes cherchent le lusekwane, l’arbre sacré. Le lusekwane est une espèce d’acacia qui pousse  dans quelques régions du Swaziland, près de la côte. Ce jour est marqué également par le combat avec un taureau sauvage, appelé « l’umdvutjulwa ». L’animal doit être attrapé à mains nues par les jeunes qui ont cherché l’arbre sacré . Il est ensuite conduit dans un enclos pour être domestiqué.

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Femmes lors de l’incwala Ⓒ http://www.visitswazi.com

Le dernier jour est désigné sous le nom du «jour du rondin». Le bois de chauffage est recueilli et les aînés font un grand feu au beau milieu de l’étable. Certains objets rituels sont jetés en l’air dans le feu pour signifier la fin de la vieille année, alors que les joueurs principaux chantent et dansent dans l’étable jusqu’à ce que la pluie éteigne le feu.

Inutile de dire qu’il s’agit là d’un événement riche culturellement, qui attire beaucoup de touristes, curieux à l’idée de découvrir une pure tradition africaine qui a su résister au temps, à la colonisation et au modernisme.