
La musique malgache, fidèle à ses origines insulaires et métissées, propose des sonorités très variées. Elle évoque dans ses rythmes des influences indiennes, asiatiques, arabes et africaines. Longtemps ignorée et méconnue au-delà des frontières de l’île, elle est aujourd’hui de plus en plus écoutée et jouit d’une certaine popularité grâce à ses nombreux ambassadeurs.
La musique est une partie intégrante du quotidien malgache. On en joue et on en écoute à toutes les occasions : lors de fêtes familiales, des cérémonies religieuses et traditionnelles ou encore dans les veillées mortuaires.
Différents instruments font résonner ces sonorités métissées. Ils prennent des formes différentes selon les régions du pays.

Les instruments venus des campagnes, comme le kabosy, les tambours et le valiha, sont associés à l’accordéon, aux batteries, aux guitares, aux basses et au synthétiseur, afin de moderniser la nouvelle tendance musicale malgache.

Le kabosy est une sorte de guitare hawaïenne, un luth à manche court. Vraisemblablement introduit à Madagascar par les Arabes, c’est l’instrument privilégié de la rue et de la pauvreté. La valiha est une variété de cithare (ou harpe tubulaire) faite d’un tuyau de bambou entouré de cordes (18 à 54 !). D’origine asiatique, on la retrouve encore à Bornéo, au Viêt Nam, à Timor et aux Philippines, elle est utilisée par les nobles.
Les autres instruments malgaches sont le gorodao (sorte d’accordéon popularisé à partir des années 1950), le lokanga (violon traditionnel à trois cordes), le marovany (harpe ou cithare sur caisse), le kabiry (hautbois) ou la sodina (flûte malgache traditionnelle). La chanson s’inspire également du traditionnel hira gasy, l’opéra traditionnel du peuple malgache. Il s’agit d’hommes habillés en tuniques rouges à galons, arborant des chapeaux de paille et de femmes aux robes de satin de couleurs, chantant et dansant sur le sol rouge de latérite avec les rizières en terrasses comme arrière-scène. Il s’agit d’un théâtre-opéra très ancien et toujours très populaire sur l’île. Sa particularité est d’être conçu, écrit, chanté et dansé par des paysans. Les troupes sont souvent composées d’une vingtaine de personnes. Chanteurs, danseurs, acrobates et musiciens s’installent en cercle. Le public les entoure.

Les Mpihira Gasy sont pauvres, mais très solidaires. Dans la plupart des villages, ils font vivre énormément de personnes et ils ont d’ailleurs été l’objet d’une thèse à la Sorbonne intitulée « Madagascar : le théâtre du peuple, l’art hira gasy entre tradition et rébellion ».
La musique moderne malgache n’est pas en reste avec de nombreux chanteurs au style particulier, dont certains ont réussi à exporter leurs sonorités. C’est le cas du groupe Tarika Rossy qui depuis 1983 se produit sur toutes les scènes d’Europe. Peter Gabriel a invité le groupe dans ses studios anglais pour participer à l’enregistrement d’« Island of Ghosts » pour la collection Real World. Il chante sur les rythmes de salegy, de kwassa-kwassa, de soukouss et de reggae. Multi-instrumentiste, l’instrument de prédilection de Tarika Rossy est l’accordéon diatonique. Il a créé un style bien à lui, le tapôlaka, qui marie plusieurs musiques malgaches.
Il y a également Lolo sy ny Tariny, chanteur de vakisoava, chant choral alterné typique de la culture malgache. Son origine africaine est enrichie d’influences espagnoles (claquements de mains qui évoquent le flamenco). On retrouve aussi Rajery, le Prince de la valiha, qui joue en quartet. Il a décidé que les cordes de son instrument ne lui convenaient plus et les a donc remplacés par des câbles de frein à vélo, accordés avec des calebasses. Le résultat est fascinant. Sa musique navigue entre les danses enivrantes des Antandroys, la sensualité du salegy, les polyphonies des Betsileos…http://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/dinan/harpe-celtique-la-valiha-m-a-sauve-16-07-2017-11598030.php

En somme, la musique malgache est un panaché de sons et de rythmes venus d’ailleurs, adoptés, apprivoisés et commercialisés. Que ce soit sur le plan traditionnel ou moderne, les artistes malgaches mettent un point d’honneur à faire de leur art un symbole qui leur est propre, mais surtout un témoin de l’évolution de la musique sur la grande île.