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Djaili Amadou Amal
Culture Livres Réussite

La Camerounaise Djaïli Amadou Amal, révélation du Goncourt

Elle a créé la surprise en se hissant parmi les quatre finalistes du Goncourt. Le plus prestigieux des prix littéraires français: la romancière camerounaise Djaïli Amadou Amal, dont l’ouvrage Les Impatientes explore le mariage forcé et la polygamie, veut porter «la voix des femmes du Sahel».

«Pas une seconde» elle n’avait imaginé pouvoir remporter le glorieux sésame. Mais depuis l’annonce des finalistes, la romancière de 45 ans se prend à rêver: «Ramener le Goncourt au Cameroun serait quelque chose d’incroyable, presque d’inespéré», explique-t-elle à l’AFP.

Inespéré comme sa présence parmi les finalistes, que personne n’avait anticipée. Mais aussi un peu inespéré pour un écrivain d’Afrique subsaharienne de remporter le prix le plus convoité du milieu littéraire français, ce qui serait une première.

Son roman, Les Impatientes (éditions. Emmanuelle Collas), également finaliste du Goncourt des lycéens, donne la parole à trois femmes peules à qui l’on ne cesse d’assener «Munyal», patience en peul, pour leur faire accepter leur destin et sa violence induite, le mariage forcé et la polygamie.

Mariée à 17 ans

«Je suis une femme africaine, je vis au Cameroun et donc j’ai décidé de parler de cette société du point de vue des femmes car on ne donne pas suffisamment la parole aux femmes et surtout pas dans le Sahel», insiste-t-elle.

Née dans la région camerounaise du Maroua (extrême-nord) d’une mère égyptienne et d’un père camerounais, Djaïli Amadou Amal est une combattante. Elle fut mariée à l’âge de 17 ans à un quinquagénaire qu’elle ne connaissait pas. Elle parvient, cinq ans plus tard et dans la difficulté, à divorcer.

Dix ans plus tard, elle se remarie mais est victime de violences conjugales. Alors qu’elle parvient à s’échapper de l’emprise de cet homme, il kidnappe ses deux filles pour la faire revenir. Dans le même temps, elle s’accroche pour terminer un BTS en gestion. Seules études que son époux l’a autorisée à suivre, même si elle admet qu’elle aurait préféré faire des études littéraires.

Son salut, elle le trouvera dans la littérature. D’abord la lecture, qui lui permet de s’«évader». Avant de prendre la plume, pour pouvoir «dire ce qu'(elle) ressent». Elle dévore les livres de l’autrice sénégalaise Mariama Bâ ou du Malien Seydou Badian Kouyaté.

Société patriarcale

Son tout premier texte, elle décidera toutefois de ne pas le publier. En 2010, elle finit par sauter le pas avec «Walaande, l’art de partager un mari», qui raconte l’attente sans fin de quatre femmes mariées au même homme. Le livre est un succès de librairie au Cameroun où elle accède à la notoriété. En 2012, elle est invitée au Salon du livre de Paris.

Dans «Les Impatientes», la romancière décrit, dans un style simple et rythmé par des phrases courtes, une société patriarcale qui brise les femmes. Et d’énumérer: «le mariage précoce et forcé comme l’une des premières violences, le viol conjugal qu’on ne veut pas reconnaitre comme tel, les violences physiques et enfin la polygamie comme violence morale.»

La romancière s’attache aussi à montrer à quel point les femmes, d’abord victimes, reproduisent de manière inconsciente ces violences. Que ce soit dans le cadre de l’excision ou du mariage forcé où le rôle de la mère «dans la persuasion et le harcèlement» de la jeune fille est important, selon elle.

«Ces femmes n’agissent pas ainsi par méchanceté, mais parce qu’elles n’ont connu que ce système qu’elles ont pour rôle de reproduire», souligne la romancière, pour qui il faut une «prise de conscience des femmes».

Pour aider à cette prise de conscience, elle a créé dès 2012 l’association Femmes du Sahel. L’association œuvre en faveur de l’éducation des filles de la région. Car si elle se dit «chanceuse d’être allée à l’école» et d’avoir pu faire un BTS, «la réalité est tout autre pour des milliers de petites filles du Sahel».

Culture Livres Made in Africa

L’Atlas des Afriques

Fantasmée ou rêvée, l’Afrique habite nos imaginaires. Aller à sa rencontre, c’est tenter de saisir son histoire, ses cultures et ses identités, passées ou actuelles. Tenter… car, au fond, que connaissons-nous de ce vaste continent coupé en deux ? Le Sahara qui sépare le Maghreb arabe au nord de l’Afrique noire au sud ? Que savons-nous de son histoire d’avant l’esclavage et la traite atlantique ?

Et, aujourd’hui, ses cinquante-quatre Etats sont-ils vraiment condamnés aux catastrophes, à la guerre et à la malnutrition ; à subir le joug de dictatures indétrônables, comme le voudrait la petite musique dominante ? L’Afrique se traîne une réputation faussée, et depuis trop longtemps. Idées reçues à effacer, fantasmes modernes à déconstruire, il y avait urgence à rétablir quelques vérités.

Certes, faire entrer ce continent tout entier dans un atlas relève au pire d’une gageure, au mieux d’une prétention. Mais c’est une prétention assumée. Les rédactions de La Vie et du « Monde Afrique » se sont réunies avec la volonté de se départir des clichés pour rencontrer vraiment ce géant. Portée par une cartographie inédite, servie par les regards croisés de journalistes et d’experts internationaux, leur ambition première a été de prendre le temps de scruter la grande diversité des multiples Afriques.

De l’aube de l’humanité née sur ce continent jusqu’à nos jours, les pages de « l’Atlas des Afriques » se veulent un voyage dans l’espace et le temps. Une aventure qui raconte la fastueuse histoire des pharaons noirs de Nubie. Tout comme celle de l’antique royaume chrétien d’Aksoum, en Ethiopie. Un périple qui donne à admirer les anciennes cités de pierre du Zimbabwe, les mosquées en banco du Sahel médiéval. Jusqu’à arriver à cette jeunesse d’aujourd’hui, qui, forte du nombre (six Africains sur dix ont moins de 25 ans), commence à demander des comptes.

Paradoxe

Car si, au fil des pages, ressurgit tout un glorieux passé, avec ses civilisations et ses peuples, car si jaillit une nature prolifique en ressources, ce lit d’opulence n’a pour l’heure guère profité à des populations qui restent majoritairement démunies du nord au sud.

Impossible de décrypter ce paradoxe sans revenir sur l’esclavage, la traite et la colonisation ; épisodes tragiques et décisifs, bien que finalement très brefs au regard de l’histoire multiséculaire de ces terres.

Pour comprendre cette cicatrice, il a fallu se souvenir de la genèse du tracé des frontières modernes, revivre le grand moment des indépendances avec les penseurs de la négritude et du panafricanisme, les mouvements de libération des peuples. Revisiter le Liberia édifié par d’anciens esclaves noirs venus des Etats-Unis, raconter à nouveau les années de braise au Maghreb après la seconde guerre mondiale, et voir frémir ce vent de liberté qui a tôt soufflé sur le Ghana, pionnier des indépendances au sud du Sahara.

Ultime étape du voyage, il ne restait qu’à prendre le pouls du continent en cette aube du XXIe siècle. Sentir vibrer l’énergie de son entrée dans la dernière mondialisation et s’arrêter tour à tour sur les grands enjeux économiques, démocratiques, technologiques, urbains, migratoires et sociétaux d’une Afrique émergente qui retrouve peu à peu sa place dans le monde.

Un pari ambitieux que d’ausculter ce continent sous toutes les coutures, sans doute. Mais une nécessité absolue que cette découverte d’une Afrique démystifiée, vivante de peuples créatifs, avides de développement et de liberté. Bas les masques ! Et bonne lecture.