
En racontant sur scène jusqu’à sa vie intime, l’humoriste burkinabè Roukiata Ouedraogo, installée en France, renouvelle un genre où ses confrères masculins sont encore surreprésentés.
Soudain, le public, qui se tordait de rire jusque-là, retient son souffle. Sur la petite scène du Point Virgule, haut lieu de l’humour à Paris, Roukiata Ouedraogo entame un dialogue surréaliste et poignant… avec son clitoris. Ce petit bout de chair et de nerfs qu’on lui a retiré il y a une trentaine d’années, et qu’elle imagine se rappelant à son bon souvenir, cruel, se moquant du plaisir qu’on lui a définitivement ôté. « J’étais encore une enfant pendant mon excision, mais j’ai compris que je devenais une autre personne, la moitié de moi. Je revois la case ; l’odeur du beurre de karité et d’une sorte de pommade antiseptique me colle encore à la peau. On ne fait jamais le deuil de cette disparition. » Le sketch durant lequel la comédienne évoque le « traquenard sanglant » que lui ont réservé les adultes dans son Burkina natal est peut-être le moment le plus fort de son troisième et dernier spectacle, Roukiata tombe le masque. Peut-être parce qu’elle va au bout de sa démarche : raconter sans fard l’expérience intime d’une femme africaine.
Roukiata Ouedraogo évoque tous les sujets
Qu’on ne s’y trompe pas, la comédienne sculpturale de 37 ans, ancien mannequin, n’aborde pas que des thématiques « féminines ». Éducation, immigration, paludisme… l’humoriste avec « un accent à couper au coupe-coupe » traite de sujets qu’on pourrait tout à fait retrouver chez ses confrères masculins.
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