Cousinage à plaisanterie les noms de famille au SNGL

Imaginez qu’il vous soit permis de tout dire à votre cousin, imaginez que vous êtes « Sérère » et qu’il vous soit autorisé de traiter le « Peulh » de « poltron » ou de « gourmand ». Un monde merveilleux ! N’est-ce pas ? Cessons d’imaginer. Cette pratique existe et elle a un nom : bienvenue dans le monde merveilleux du cousinage à plaisanterie. Pratique très ancienne qui est basée sur un système codifié dont font usage les peuples d’Afrique de l’Ouest.

Le cousinage à plaisanterie est très présent dans les dialogues au Sénégal, on croirait même que la pratique est du « made in Sénégal ». La parenté à plaisanterie serait une pratique typiquement ouest africaine. Bien plus qu’un jeu, ce riche héritage culturel et immatériel permet de cultiver le brassage culturel, socle d’une vie stable et d’une pérennisation des valeurs culturelles africaines. Cette pratique légendaire est très ancrée dans nos coutumes et nous permet d’apaiser des tensions sociales.

 

Pour le Professeur Kalidou Sy de l’Université Cheikh Anata Diop de Dakar, le « dendiraagal » ou cousinage à plaisanterie: est une tradition fondamentale qu’il convient de revisiter et d’ACTUALISER, car « C’est une façon de poser un regard neuf sur des choses importantes qui ont tendance à être oubliée et qui peuvent servir aujourd’hui »

Faire usage du cousinage à plaisanterie c’est tracer un chemin harmonieux et rassurant de la tolérance, de l’affection et du vivre ensemble. La parenté à plaisanterie intervient comme un principe d’organisation et de fonctionnement des relations sociales fondée sur l’amusement et la moquerie. Et c’est l’anthropologue Britannique Radcliffe-Brown qui en parle le mieux avec cette définition :

La relation à plaisanterie est une forme de relations d’amitiés, qui est une combinaison singulière de bienveillance et d’antagonisme.

La pratique du cousinage à plaisanterie est aussi basée sur la maîtrise et le respect des limites selon l’anthropologue Britannique. Toute fois, la norme reste tacite et selon la pratique tout le monde connait la barrière qu’il ne faut pas franchir.

c’est une relation d’amitié dans laquelle existe un antagonisme apparent, contrôlé par des règles conventionnelles.

La composition de la sauce à base du cousinage à plaisanterie est faite de quolibets, de blagues taquines, d’impolitesses rituelles. Ce mélange savoureux nous offre des scènes pittoresques où les gens rivalisent d’ingéniosité pour trouver des railleries originales et comiques.

Aujourd’hui, cette pratique doit être enseignée à l’école et sa reconnaissance par notre patrimoine culturel doit être une évidence. Une telle démarche serait pertinente pour transmettre cette riche tradition aux générations futures.