
Au Cameroun, la musique urbaine est de plus en plus présente dans l’espace médiatique. La connexion avec le public s’est faîte très facilement. Avec un mixage bien apprécié, des couplets à couper le souffle, le cocktail est bien réussi pour faire bouger les amoureux de la musique.
Oubliez X Maleya, aujourd’hui au Cameroun, les sonorités sont composées par Franko, Maahlox, Remiss ou Mink’s. Ils sont jeunes et fun et ont le malin génie de faire danser tout un continent. Dans les boites de nuit, les consoles mp3 ou à la radio, la musique urbaine camerounaise tourne en boucle.
Le secret est dans le verbe
L’enthousiasme autour de cette tendance n’est pas le fruit du hasard: les chanteurs de cette nouvelle vague ont fait un long chemin avant de devenir des stars. Au début, leur langage n’était pas accepté par tous. Il faut rappeler que ces jeunes talents de la scène urbaine du Cameroun étaient; ceux-là-mêmes auxquels, on interdisait de parler «Camfranglais» ou «Pidgin» dans les cours des lycées. Cet argot, à base de français, d’anglais et de langues camerounaises n’était pas reconnu à l’école.
Aujourd’hui, à partir de ce jargon, les musiciens du Cameroun composent des notes qui restent gravées dans les mémoires. Le Rappeur Jovi indique que la force de cette culture repose sur l’usage de plusieurs langues dans une même chanson :
«Notre marque de fabrique est d’utiliser sans distinction toutes les langues parlées au Cameroun. On peut prendre un mot chez les bamilékés (Peuple des plateaux de l’Oust du Cameroun) et lui donner du sens dans tout le pays, chez les anglophones ou chez les francophones. On utilise une culture globale, un dictionnaire qui va au-delà de l’anglais, du français ou même du pidgin ».
Cet usage des différents dialectes est un charme très puissant, et crée des mélodie qui entre dans les oreilles de tout le monde au Cameroun et au même moment apaise les cœurs. Et à Jovi d’ajouter :
«On doit être capable d’exprimer des émotions dans n’importe quelle langue. C’est une question d’authenticité, d’originalité et de rejet du tribalisme».
Les anciens sont toujours présents
L’adage qui dit que «l’artiste ne meurt jamais» prend tout son sens dans le travail de ces jeunes du Cameroun. Dans la composition de leur musique, ils prennent bien soin de revisiter les sonorités africaines. Ils interprètent à la perfection le répertoire africain des années passées. La musique urbaine du Cameroun est un mélange de beats lourds, des voix certes travaillées à l’électronique avec des rythmes anciens. Ce procédé offre une musique originale, qui fait danser tous les âges. Ainsi, à bien écouter la musique proposée par les jeunes de la scène urbaine, on s’aperçoit que le Mokassa Camerounais n’a toujours pas disparu.
Le, rythme de ces chansons séduit le public avec une sonorité Afrobeat malgré un message parfois critiqué. Si le Nigérian Fela Kuti fut le premier à prononcer le terme Afrobeat, aujourd’hui, tout le globe emploie «Coller la petite», un tube planétaire du Camerounais Franko qui a obtenu un disque d’or en France est une preuve de la bonne réussite que constitue la musique urbaine camerounaise. L’Afrobeat ne se limite pas au Cameroun.
Aujourd’hui, des rappeurs à l’étranger comme Booba ont intégré l’Afrobeat dans leur création, avant que MHD, ne le retravaille et en fasse « l’Afrotrap ».
Une image vaut mille mots
Loin de s’arrêter là, les jeunes de la scène urbaine du Cameroun, font flèche de tout bois. Ils sont écoutés mais aussi regardés. Aujourd’hui la réalisation des clips vidéo pour ces chansons se fait avec professionnalisme. Les enchaînements d’images suivent une bonne mise en scène. Avec des images de haute qualité, les musiciens offrent de jolis courts métrages qui racontent souvent des histoires. Comme dans la vidéo de la chanson de Reniss «Dans la sauce» qui raconte le quotidien des jeunes filles au Cameroun. En s’appuyant sur les rôles des figurants dont les dialogues sont sous-titrés, le téléspectateur est en mesure de comprendre le récit de la vidéo.
Stanley Enow, né à Bafousam et auteur du célèbre single «Hein Père» a bien compris la recette. C’est pourquoi, il préconise de bien s’implanter sur internet pour une existence numérique durable et efficace:
« Nous sommes à l’ère d’Internet. Si vous n’êtes pas sur Facebook, Twitter, Instagram, ce sera très difficile de vous faire connaître. Les labels camerounais n’ont pas les moyens de payer des grosses sommes pour de la promotion. Même dans le milieu, les professionnels vont aller regarder votre nombre de vues sur YouTube ».
Réinventer la musique : c’est la nouvelle démarche de ces jeunes au Cameroun en puisant dans les sonorités des ancêtres et en s’adaptant aux sujets qui intéressent le public, ils arrivent à exporter aujourd’hui la musique africaine au-delà des frontières du continent.
[…] Cameroun: La musique urbaine, une bonne sauce […]
[…] recettes, c’est parce qu’elle intéresse le monde entier et en particulier les jeunes. La musique proposée et qui fait le buzz est une fusion d’anciens rythmes et de nouvelles créations comme nous l’indique Claire […]
[…] La musique camerounaise tire son inspiration de la coutume ancestrale et de ses sonorités traditionnelles. Elle a beaucoup évolué au fil des années et progressivement, au contact des civilisations occidentales, s’est mutée pour donner naissance à de nouveaux genres musicaux et à d’autres sons qui lui ont permis de se voir dérouler le tapis rouge des podiums étrangers. […]