
Il est 6 h 30 du matin, et Marceline Zaninga est déjà à pied d’œuvre dans son champ parsemé de pousses vertes. À l’aide d’une houe et d’une machette, elle arrache les mauvaises herbes autour de ses plants.
Mme Zaninga est une veuve de 60 ans. Elle cultive depuis 20 ans du haricot et du maïs sur sa terre de 5 000 mètres carrés, à Byahi, à huit kilomètres de centre-ville de Goma, à l’est de la République démocratique du Congo.
L’agriculture urbaine est une importante source de revenus pour les femmes d’ici. Elle joue également un rôle crucial, car elle permet de maintenir les prix des denrées bas dans cette ville d’un million de personnes.
Mme Zaninga se relève pendant un moment et contemple ses cultures, souriant, tout excitée. Elle attend impatiemment la récolte prévue dans quelques semaines.
Elle déclare : « Je fais le désherbage et c’est le dernier. Dans un mois et quelques jours, j’attends des sacs de maïs et de haricot. Je moissonne les haricots deux mois après avoir semé. »
Tous les deux ou trois mois, Mme Zaninga récolte huit sacs de haricot et six sacs de maïs. Elle vend le sac de haricots de 50 kilogrammes à une grossiste, au prix de 72 000 francs congolais (45 $ US), et le sac de maïs à 80 000 francs congolais (50 $ US).
À chaque récolte, elle garde un sac de maïs et un sac de haricot pour nourrir sa famille. Mme Zaninga gagne presque quatre millions de francs congolais (2 500 $ US) par an. Ce montant dépasse considérablement le salaire de certain(e)s fonctionnaires.
Elle conclut: « C’est le champ qui fait ma vie. » Elle paie les frais de scolarité de ses enfants et ses petits-enfants, et il lui reste suffisamment d’argent pour embaucher neuf femmes pour travailler à la ferme pendant la période de la moisson.
Délice Vumiliya, la fille de Mme Zaninga, cultive des oignons et des pommes de terre sur une parcelle de 3 000 mètres carrés près du champ de sa mère.
Elle déclare : « Grâce au champ de maman, moi aussi j’ai pu avoir le mien. Chaque fin de mois, maman me donnait une petite somme pour subvenir à mes besoins, et je faisais des petites économies qui m’ont aidé à acheter à mon tour un champ, et c’est ce qui me permet de gagner ma vie. »
Quelques fois, elle loue sa parcelle à d’autres cultivateurs et cultivatrices, au prix de 46 400 francs congolais (29 $ US) par mois.
Ces derniers mois, le légionnaire d’automne a envahi certains champs de maïs avoisinants et les deux femmes craignent que leurs cultures soient attaquées.
Elles comptent cotiser pour acheter un champ de quatre hectares à Byahi pour accroître leur production. Cela bénéficiera également aux détaillant(e)s de Goma.
Aimerance Zabibu achète du haricot et du maïs chez Mme Zaninga pour les revendre au marché de Goma.
Elle déclare : « Je gagne 16 000 francs congolais (10 $ US) par sac et j’arrive à satisfaire les besoins de ma famille. »
Les autorités locales souhaitent que plus de femmes se lancent dans l’agriculture urbaine pour aider à stabiliser, voire faire baisser le prix du maïs, une denrée très consommée en RDC. L’an dernier, une pénurie nationale a poussé le gouvernement à importer 1 120 tonnes de maïs par mois.
Kasangajo Alexis est un ingénieur agronome installé à Goma. Il estime que si 3 % de la population de la ville se lançaient dans l’agriculture, le prix du maïs et du haricot diminuerait. Selon lui, le sac de maïs se vendrait à 56 000 francs congolais (35 $ US), et le sac de haricot à 60 800 francs congolais (38 $ US), ce qui représente une baisse d’environ un tiers.
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