
L’information est donnée dans le rapport semestriel « Africa’s Pulse » de la Banque mondiale présenté cette semaine. L’institution de Bretton Woods indique que la croissance économique en Afrique subsaharienne devrait repartir en 2017, de quoi soulager nombre d’observateurs qui ont mal vécu le niveau atteint en 2016, le plus bas depuis deux décennies.
Une reprise mais juste au-dessus de la croissance démographique
Pour 2017, donc, la Banque mondiale indique que l’Afrique subsaharienne montre des signes de reprise et la croissance devrait y atteindre 2,6 %. Toutefois, note la Banque mondiale, cette reprise reste néanmoins faible, et la croissance économique ne devrait se situer que légèrement au-dessus de la croissance démographique. De quoi annihiler en partie les efforts en faveur de l’emploi et de la réduction de la pauvreté, relativise ainsi l’institution de Bretton Woods.
Les trois principales économies repartent
Concrètement, des pays comme le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Angola, principales économies du continent, enregistrent un rebond après le ralentissement brutal de 2016, mais ce redressement est lent en raison d’un ajustement insuffisant par rapport à la baisse des prix des matières premières et à l’incertitude des politiques, explique la Banque mondiale, citée par l’agence de presse panafricaine (Pana). Faut-il le rappeler : plusieurs pays exportateurs de pétrole de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) sont confrontés à des difficultés économiques.
Résilience économique pour sept pays
Selon les dernières données, sept pays tels que la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Kenya, le Mali, le Rwanda, le Sénégal et la Tanzanie continuent de montrer une résilience économique, aidés en cela par la demande intérieure. Ces pays ont affiché des taux de croissance annuels supérieurs à 5,4 % entre 2015 et 2017, concentrent près de 27 % de la population de la région et représentent 13 % de son produit intérieur brut (PIB) total. En attendant, il y a lieu de retenir que les perspectives économiques mondiales s’améliorent et devraient favoriser la reprise dans la région.

Du mieux en 2018 et en 2019
Il ressort du rapport Africa’s Pulse que la croissance globale du continent devrait passer à 3,2 % en 2018 et à 3,5 % en 2019, reflétant ainsi la reprise dans les principales puissances économiques. Mais attention ! La croissance demeurera atone dans les pays exportateurs de pétrole, alors qu’elle devrait repartir modestement dans les pays exportateurs de métaux. La croissance du PIB dans les pays dont les économies sont moins tributaires des matières premières devrait rester forte, soutenue par les investissements dans les infrastructures, des secteurs de services résilients et le redressement de la production agricole. C’est notamment le cas en Éthiopie, au Sénégal et en Tanzanie. Les risques associés à ces perspectives régionales tiennent au durcissement plus important que prévu des conditions de financement sur les marchés mondiaux, à une amélioration moins franche des prix des matières premières et à une montée du protectionnisme.
Des risques réels pour la croissance
Sur le plan intérieur, les risques pour la reprise actuelle sont liés au rythme inadéquat des réformes, à l’accroissement des menaces de sécurité et à un climat d’incertitude politique avant les élections dans certains pays. « Alors que les pays procèdent à des ajustements budgétaires, nous devons protéger les conditions propices à l’investissement afin que les pays d’Afrique subsaharienne connaissent une reprise plus forte », explique l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique, Albert G. Zeufack. « Nous devons mettre en œuvre des réformes qui augmentent la productivité des travailleurs africains et créer un environnement macro-économique stable. Des emplois plus productifs et de meilleure qualité contribuent à lutter contre la pauvreté sur le continent », a-t-il ajouté.
La nécessité de réformer…
Le ralentissement de la croissance économique intervient à un moment où l’Afrique doit impérativement entreprendre des réformes pour stimuler l’investissement et s’attaquer à la pauvreté. Les pays doivent également engager des dépenses indispensables pour le développement tout en évitant d’accroître leur dette à des niveaux insoutenables. Dans ce contexte, la promotion des investissements publics et privés, notamment dans les infrastructures, est une priorité. La région a enregistré un recul de la croissance des investissements, de près de 8 % en 2014 à 0,6 % en 2015. Le rapport Africa’s Pulse consacre une section spéciale à l’analyse des performances de la région en matière d’infrastructure dans divers secteurs. Cette section révèle des progrès spectaculaires sur le plan de la quantité et de la qualité des télécommunications qui contrastent avec des retards persistants dans la production de l’électricité et l’accès.
Vers des économies inclusives
« Avec des taux de pauvreté qui restent élevés, il est impératif de renouer avec la dynamique de croissance », prévient l’économiste principal à la Banque mondiale et auteur du rapport, Punam Chuhan-Pole. « La croissance doit être plus inclusive et nécessitera de s’attaquer au ralentissement de l’investissement et aux coûts logistiques élevés des échanges qui nuisent à la compétitivité », a-t-elle noté. De manière plus globale, le rapport appelle à la mise en œuvre urgente de réformes visant à améliorer les institutions qui promeuvent la croissance du secteur privé, développer les marchés financiers locaux, améliorer les infrastructures et renforcer la mobilisation des ressources intérieures.
Source: Croissance économique : l’Afrique rebondit