La mode pour fusionner l’Amérique latine et l’Afrique

Marier la culture de l’Afrique à celle de l’Amérique du Sud, c’est le vœu d’Adriana Valcarce. Installée à Dakar depuis 2013, cette jeune Bolivienne utilise le savoir-faire des artisans sénégalais et la beauté du tissu bolivien. Une fusion qui a donné naissance à KEARA, une marque de sacs et d’accessoires pour homme et femme.

Dakar est vraiment une ville internationale. La preuve, on y retrouve même un petit bout de la Bolivie, pays d’Amérique du Sud encerclé par le Brésil, le Pérou, le Paraguay et le Chili. Une des filles de ce pays andin est tombée amoureuse du continent africain. Adrina Valcarce a quitté la Bolivie pour s’installer au Sénégal avec l’ambition de concevoir une marque de sacs haut de gamme.

 

Pour ce faire, elle a mis dans son bagage le textile de son pays. Avec le concours des artisans sénégalais, elle a créé KEARA, fruit d’un métissage entre l’Amérique du Sud et l’Afrique.

«Je pense que tout ça s’est passé de manière très naturelle et organique à la base. Et après cela m’a beaucoup plu de créer, de travailler avec les artisans et de représenter aussi ce que je suis. Je suis bolivienne, je viens de la Bolivie, j’ai fait un métissage avec le Sénégal, je compte m’installer ici, ma vie est ici».

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout et plein air
© Bilal Moussa Phtography

Si Adriana a fait ce choix, c’est non seulement parce qu’elle est tombée sous le charme de la capitale sénégalaise, mais aussi parce qu’elle admire le travail des locaux. Les artisans sénégalais s’expriment à travers la poterie, le textile, les teintures ou la fabrication de bijoux.

«J’ai trouvé que le travail des artisans sénégalais était vraiment extraordinaire. Je ne me suis pas posé la question de partir ailleurs, le Sénégal s’est imposé de manière naturelle.»

Keara a pour ambition d’offrir à sa clientèle de la qualité. Le marché ouest-africain est inondé par les produits venus de la Chine. Ils sont certes bon marché, mais la qualité n’est pas au rendez-vous.

«Je ne veux pas vendre un produit qui va se gâter après un ou deux mois d’utilisation. Le cuir que l’on utilise vient de l’Espagne et le tissu de la Bolivie pour assurer une très bonne qualité à nos clients. Et tout est assemblé par les artisans ici au Sénégal.»

L’image contient peut-être : une personne ou plus et plein air
© Bilal Moussa Phtography

40% de la clientèle de KEARA est sénégalaise. En effet, les Sénégalaises ont un grand souci de l’élégance. Les Dakaroises, comme les Africaines, aiment la mode.

«Les dames dans la quarantaine qui aiment la qualité, qui aiment les grands sacs élégants, elles savent en les achetant qu’ils vont durer. »

En Afrique, le grand potentiel du secteur du cuir demeure sous-exploité et cette activité n’a pas suivi le rythme de croissance soutenu de la filière dans les autres pays en développement. Comme le cuir est un sous-produit de l’industrie de la viande, le point de départ de la chaîne d’approvisionnement est lié à l’élevage et à l’économie rurale. La réussite du développement de l’industrie du cuir contribuera donc à la réduction de la pauvreté dans les zones rurales. Un aspect que la jeune Bolivienne a très bien compris. Elle souhaite participer au développement de l’artisanat au Sénégal en s’appuyant sur sa marque Keara. Il s’agit pour elle de répondre à un devoir de responsabilité sociétale d’entreprise (RSE). Adriana veut fonder à Dakar un atelier de formation et de production avec l’aide de l’Agence nationale pour la Promotion et le Développement de l’Artisanat (APDA). Elle a déjà commencé à travailler avec la structure étatique.

«D’ici l’année prochaine, nous allons mettre sur pied cet atelier de production et de formation. On va pouvoir former une dizaine de Jeunes en cinq mois et établir un partenariat avec l’Éthiopie ou le Maroc peut-être en termes de transfert de compétence artisanal».

Keara est le fruit d’un brassage culturel. Et sa créatrice est consciente de la richesse des terres d’Afrique.

L’image contient peut-être : 1 personne, assis et plein air
© Bilal Moussa Phtography