
Toyota Tsusho, présent en Afrique depuis 1922, a décidé d’apporter ses activités à sa filiale française. CFAO devient sa plate-forme de développement sur le continent.
Le secteur automobile n’est pas le seul où les alliances franco-japonaises fonctionnent, à l’image de Renault-Nissan. Celle, moins connue, entre la maison de commerce Toyota Tsusho Corporation (TTC) et le groupe CFAO, conclue fin 2012, entre dans une nouvelle phase. Quelques semaines après le retrait de la cote à Paris de CFAO, filiale désormais détenue à 100 %, Jun Karube, le PDG de TTC, vient d’annoncer la décision de lui apporter la totalité des activités actuelles du japonais en Afrique, soit un volume d’affaires annuel de l’ordre de 1 milliard d’euros, sur les 68 milliards de son chiffre d’affaires total.
Présent depuis 1922 sur le « continent noir », TTC, dont le premier actionnaire n’est autre que le groupe automobile Toyota, s’y est développé dans la distribution de véhicules, qui pèse pour 60 % du total, et dans les services de logistique et d’approvisionnement de plusieurs usines automobiles en Afrique du Sud pour l’essentiel du solde. Car il travaille aussi sur plusieurs projets dans les énergies renouvelables et la fourniture de services et de produits aux exploitants agricoles. « Cet apport d’activités portera la taille du nouveau groupe CFAO à près de 5 milliards d’euros en 2017, et il nous ouvre de nouveaux horizons avec un accès à 53 des 54 pays qui composent l’Afrique et un équilibre géographique plus grand », se félicite Richard Bielle, à la tête de CFAO depuis décembre 2013 (après y avoir été de 2009 à 2012) et président du futur conseil d’administration du groupe. Dans le cadre de l’évolution de son périmètre, dont la mise en oeuvre sera effective le 1er avril, CFAO change en effet de gouvernance, la structure duale conseil de surveillance-directoire étant donc dissoute.
Vision commune
« Avec TTC, nous avons appris à nous connaître, à installer la confiance, à partager une vision commune d’investissement en Afrique pour de la création de valeur à moyen-long terme », explique le dirigeant français, qui voit dans cette décision de la maison de commerce japonaise la reconnaissance de l’agilité des équipes de CFAO, leur connaissance des marchés et de l’écosystème Afrique-Europe. « Ce qui impressionne les Japonais, c’est notre capacité à pouvoir mettre en oeuvre des projets rapidement à partir d’une feuille blanche », estime Richard Bielle. Il met notamment en avant le retour de CFAO dans la grande distribution en association avec Carrefour, ou encore les partenariats noués avec des industriels de la grande consommation, comme Heineken, avec lequel le groupe français a créé une brasserie en Côte d’Ivoire, et L’Oréal.
Preuve que TTC entend faire de CFAO son bras armé pour l’Afrique, le groupe japonais l’a logé dans Africa Division, sa première division régionale à côté de ses six autres divisions métiers. « C’est un vrai challenge », reconnaît le dirigeant français, qui entend préserver les qualités entrepreneuriales cultivées au sein de CFAO, malgré sa taille de plus en plus importante, tout en l’enrichissant de cette rigueur dans l’organisation et les process qui ont fait la réputation des entreprises japonaises.
Un premier séminaire interne, début mai à Chantilly, sera l’occasion de poser des jalons pour la construction du nouveau CFAO.
Source: CFAO reçoit tous les actifs africains de sa maison mère japonaise