
Pluriculturelle et multiartistique, Moona pose sa musique sur un fond teinté de thématiques sociales axées sur les faits humains. La jeune rappeuse est une esquisse de talents sortis d’un bain sénégalo-béninois. Ce vecteur produit le mélange authentique qui fait la singularité de son style.
Il fait frais sur la terrasse du Studio Sankara en cette soirée du 8 décembre 2017. Le crépuscule sur Dakar apporte un vent calme, qui remue la balançoire d’un côté. De l’autre, quelques affiches annoncent le concert du rappeur Didier Awadi, propriétaire des lieux. À l’intérieur, une chaleur humaine et sonore embrase l’espace. Moona y prépare activement son deuxième album.
Majestueuse, elle fait son entrée. L’espace extérieur est préférable pour échanger. Médaillée d’argent des huitièmes Jeux de la Francophonie, qui se sont déroulés à Abidjan en juillet dernier, Moona veut propulser davantage sa carrière.
Une chose devenue possible grâce à la signature de son contrat avec Sony Music Entertainment en octobre dernier. Pour plusieurs, le fait est historique, puisqu’elle est la première à saisir pareille occasion au Sénégal. Pour elle, ce résultat n’est que la conjugaison d’efforts permanents et inlassables et la détermination d’un espoir jusqu’au-boutiste.
« La gratitude envers nos bienfaiteurs nous ouvre les portes du succès, mais notre mérite rentre seul.» — Moona Yanni
Auteure, compositrice, slameuse, chanteuse et actrice de cinéma, Moona, de son vrai nom Awa Moonaya Yanni, a plusieurs cordes à son arc. Née le 10 octobre 1983 à Cotonou, au Bénin, elle grandit dans une famille marquée par la musique. Son père est un amateur de jazz et de musique classique.
Dans cette ambiance, la passion de Moona pour les cultures urbaines verra le jour dans la capitale béninoise. Sur les podiums scolaires et les estrades des maisons culturelles, elle fait ses premières armes. Là, elle participe à plusieurs compilations en intégrant le milieu hip-hop du pays. Avec le surnom DCH, elle a su marquer certains esprits, notamment avec le label Taka Crew Records, dont elle était membre fondatrice.
«Si j’étais un homme, on M’APPELLERAit le monarque.» — Moona Yanni
Elle reconnaît que de pareilles expériences ont beaucoup défini son caractère et aiguisé son savoir-faire artistique. En 2002, Moona rejoint la terre de ses parents, le Sénégal. Elle s’installe à Dakar et y étudie le droit. Pleine d’entrain, elle s’intéresse également aux médias, une volonté qui fera d’elle une présentatrice télé pendant un laps de temps.
Kenkeli Invité RTS avec Moona du 24 décembre 2014: http://t.co/8IVdRqQbLj via @YouTube
— Moonaya Yanni-Béraud (@Moonamuzik), 16 janvier 2015
La musique dans les veines, elle s’abonne au Studio Sankara en 2004. Elle adopte volontiers la devise du centre «Oser inventer l’avenir». En 2009, son premier album sort. «À fleur 2 mo’» laisse une tache indélébile dans le paysage culturel du Sénégal, avec son mélange de hip-hop, de coupé-décalé, de dance-hall.
Le noyau dur de la musique de Moona demeure le rap. Sans rester monotone, elle colore son offre en ajoutant plusieurs variétés : le funk, le jazz, etc. Souvent, elle chante en live. Le soutien d’un orchestre vient accentuer l’étendue de son potentiel.
Elle propose une musique à la fois préventive et curative, dans laquelle beaucoup de personnes ne se sentent plus seules, mais retrouvent leurs pensées en décibels. «Les thèmes que j’aborde sont plus centrés sur l’individu dans sa manière de voir les choses», affirme Moona. Elle puise son inspiration dans les faits sociaux.
«Un être humain, ce sont Ses rêves, ses échecs, ses réussites, ses projections, ses accomplissements et ce qu’il ne pourra sans doute jamais accomplir parce que l’homme propose et Dieu dispose.» – Moona
Avec un regard de philosophe, Moona conçoit une trame musicale atypique. Elle trouve son inspiration dans la capacité de l’homme à vouloir faire la paix avec lui-même. Elle se dit prête à contribuer au réveil sans précédent du leadership des jeunes et des femmes.
Artisane de sensations, elle clame que «le monde est fait d’émotions». Sous le sceau d’un engagement accru, la chanteuse veut défendre dans son prochain opus des causes comme celle des noires. Elle y voit également le moyen de présenter à son public un plaidoyer sur le renforcement de l’estime de soi, tout en restant ludique.