Né dans une famille modeste, le 15 janvier 1918 à Alexandrie, Gamal Abd el-Nasser est devenu le premier dirigeant issu du peuple qu’ait connu l’Égypte en plus de deux mille ans. Très apprécié pour sa vive opposition aux Britanniques et pour son engagement envers son peuple, il régna de main de maître sur l’Égypte, qu’il entreprend de réformer en profondeur, jouissant jusqu’à sa mort d’une immense popularité dans son pays comme dans le monde arabe.

Élevé en partie par l’un de ses oncles révolutionnaires, Nasser hérite de cette fibre nationaliste et s’illustre très jeune pour son opposition à la domination coloniale britannique. En effet, il est révolté par la corruption du gouvernement monarchique et par sa soumission aux Anglais. Il participe ainsi activement à la première guerre israélo-arabe de 1948-1949 et dans la foulée, il fonde le mouvement des Officiers libres, un groupe de jeunes militaires en lutte contre la colonisation anglaise. Cependant, trop peu connu et encore trop jeune pour se mettre à l’avant-scène, il préfère confier les rênes du mouvement au général Mohamed Naguib, un aîné plus connu. Avec ses acolytes, il réussira à mettre fin au règne du roi Farouk 1er dans la nuit du 22 au 23 juillet 1952, lors d’un coup d’État magistral fomenté de main de maître par le général Naguib. La république est proclamée un an plus tard.

 

Le général Naguib, à la tête de cette toute jeune république, se heurte souvent aux reproches de Nasser, alors membre de son gouvernement. Celui-ci l’accuse, dès 1954, d’être trop proche des Frères musulmans, une organisation islamiste prônant l’instauration de la charia. Il est alors mis aux arrêts, ce qui permet à Nasser en 1956 de devenir le nouveau président, s’entourant de militaires à tous les niveaux du gouvernement. La nouvelle Constitution, qu’il instaure, lui confère une suprématie certaine dans l’échiquier politique égyptien. Il se lance alors dans une série de réformes très ambitieuses afin de développer le pays : réformes agraires limitant la propriété privée, nationalisations et surtout création d’infrastructures comme le barrage d’Assouan, permettant à la fois d’augmenter la production d’électricité ainsi que l’irrigation des surfaces cultivables.

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Gamal Abdel Nasser-Hussein Ⓒ https://www.herodote.net

Nasser, qui a pris le titre de «raïs» (président ou chef, d’après un mot arabe qui désignait autrefois un dignitaire ottoman), règne en dictateur avec une police très répressive. Il est cependant très populaire et considéré comme un leader du monde arabe à la conférence des non-alignés de Bandoeng. Il offre également une base arrière aux chefs du FLN qui luttent pour l’indépendance de l’Algérie.

Cependant, la construction du barrage d’Assouan, qu’il a financé avec les redevances du canal de Suez qu’il a nationalisé, lui vaut des critiques de la part des Anglais et des Français. Ces derniers excitent donc en sourdine le conflit qui oppose l’Égypte à Israël et incite ce dernier à attaquer son ennemi. Mais, les Américains interviennent, faisant ainsi d’une défaite militaire certaine, une véritable victoire politique pour Nasser, qui est ainsi conforté dans son siège de président.

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Nasser lors d’un sommet pour le panarabisme Ⓒ https://www.pinterest.co.uk

Galvanisé par ce triomphe inattendu, Nasser se rapproche de l’URSS et traque les Frères musulmans jusqu’à faire pendre leur chef. Il veut redonner à la vallée du Nil sa grandeur passée et croit fortement en son concept de panarabisme, à savoir la renaissance du nationalisme arabe. C’est ainsi que le 1er février 1958, l’Égypte et la Syrie annoncent leur union au sein d’une République arabe unie (RAU). Mais les Syriens, excédés par l’arrogance de leur allié, dissolvent la fédération dès 1961.

Se déclarant favorable à une destruction de l’État d’Israël, Nasser doit reconnaître la défaite égyptienne lors de la guerre des Six Jours en 1967. Lassé du pouvoir qu’il souhaite quitter et blessé par sa baisse de popularité dans le monde arabe, Nasser est cependant contraint de conserver son poste sous la pression populaire. Il accepte donc, en accord avec la Jordanie, d’engager des négociations de paix avec Israël en 1970. Il meurt le 28 septembre 1970, au Caire, d’une crise cardiaque.

Malgré de nombreuses controverses, il aura écrit l’une des premières pages de l’Égypte contemporaine et aura fortement contribué à l’essor du pays et à son émergence économique après plusieurs décennies de colonisation, de mauvaise gestion et de corruption.