
La Valaisanne publie un conte «rappé» solaire, un an après un album qui l’a délestée de ses vieux démons. D’Abidjan à Paléo en passant par Martigny et New York, son instinct d’improvisatrice la guide.
Son album Tentative de survie est sorti il y a à peine plus d’un an, et voilà que sort ORA, un conte rappé sous forme de mixtape, un filage de dix plages liées par une narration. Une quête de soi et d’amour universel inspirée par les conteurs et griots africains, qui met en miroir l’introspection tourmentée de Tentative de survie et un jaillissement plus lumineux de boucles percussives, de rythmes reggae et de musique africaine.
Le parcours accompli par KT Gorique est considérable depuis qu’en 2012, à New York, à seulement 21 ans, elle a été sacrée championne du monde d’improvisation rap – et en français! «J’étais bien plus stressée lors de la finale suisse qu’à New York, se souvient l’intéressée. Je voulais tellement y aller que gagner était secondaire. Je me suis lâchée en me disant ‘KT, t’es là, un truc de ouf, profite’.» La victoire lui a apporté un début de reconnaissance et a renforcé sa confiance, lui faisant surtout redoubler d’ardeur au travail. «C’est comme une grande vague qu’il faut réussir à surfer, pour dépasser le stade de l’impro.»
Rappeuse, chanteuse, danseuse, comédienne, la Valaisanne a tenu le premier rôle dans Brooklyn de Pascal Tessaud (2015), un 8 Mile à Saint-Denis projeté à Cannes et qui est nommé aux Hip Hop Film Awards de New York cet été, dans trois… catégories. Lauréate du Prix d’encouragement à la culture du Valais, KT Gorique fêtera ses 26 ans le lendemain de son concert à Paléo, le 23 juillet prochain. «Le même soir que Keny Arkana et Manu Chao! Je réalise un rêve. Quand j’allais voir IAM à Paléo (en 2008, ndlr), je me disais que ça devait être fou de jouer dans un festival comme celui-là.»
Double identité
Femme, afro-descendante, petit gabarit, elle se décrit comme «un gorille dans un corps de moustique» (son pseudo dérive de KT, son surnom de toujours, et de sa «KT gorille»). Beaucoup de préjugés et d’obstacles à surmonter? Pas tant que ça en ce qui concerne Martigny, où elle a atterri il y a quinze ans, quittant sa ville natale d’Abidjan. «Je ne me suis jamais sentie différente en Valais. Il m’a juste fallu perdre l’accent ivoirien et quelques expressions nouchi.»
Lire la suite. Source: KT Gorique, extra terrestre