
L’affaire avait fait grand bruit dans la Tunisie post-révolution de 2011 : la jeune Myriam, violée par des policiers lors d’un contrôle nocturne, avait décidé de lutter jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix, pour faire condamner ses bourreaux.
Affrontant pour cela les innombrables pressions de l’appareil sécuritaire pour étouffer l’affaire et surtout la loi du silence habituellement imposée par une société demeurée machiste, ou trop souvent l’opprobre est jeté sur la victime… « Coupable d’avoir été violée » est justement le titre du récit autobiographique de la victime de ce fait divers sordide dont s’est inspiré la jeune réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania pour son 3e long métrage, « La Belle et la meute », présenté le 19 mai dans la sélection officielle « Un Certain Regard » du 70e Festival de Cannes (17 au 29 mai 2017), et qui a créé un choc durable sur la Croisette : quinze minutes d’applaudissements et d’ovations ininterrompus du public resté sous le choc d’un film intense qui a l’intelligence de ne jamais céder au racolage facile : surtout en décidant contre toute attente, de ne pas filmer du tout la scène attendue, qui pour une cinéaste moins exigeante aurait pu « faire sensation », celle du viol !
Car ce que montre Kaouther Ben Hnia s’avère encore pire que le viol physique: la véritable torture morale que subit sans discontinuer la victime, qu’elle réussit à communiquer avec force aux spectateurs, les tenant en haleine entre la stupeur et l’indignation jusqu’à la fin du film, où la jeune fille, soutenue en tout dernier recours par un policier intègre, décidé de poursuivre son combat jusqu’au bout malgré le scandale.
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