
Accompagnée de l’association Afrique Culture Maroc, la WANATeam s’est rendue à Oujda pour cinq jours. Une semaine complète durant laquelle nous nous sommes intéressés aux dynamismes des associations locales tournées vers les migrants. Une semaine qui nous a surtout permis de constater qu’à Oujda, la vie et le quotidien des subsahariens ne ressemblaient en rien à ce que l’on peut constater à Rabat. En termes d’évolution, d’organisation, et d’intégration, Oujda est un exemple à suivre par le reste des villes marocaines.
Oujda : une ville frontière !
Oujda est une ville à part au Maroc en ce qui concerne la migration : elle est la principale porte d’entrée pour les migrants subsahariens irréguliers. Ville de 400 000 habitants, Oujda est à quelques heures de route d’une enclave espagnole et à 5 kilomètres de l’Algérie.
Elle est devenue une ville-étape importante pour les migrants entre l’Afrique et l’Europe. C’est là qu’ils convergent quand ils arrivent au Maroc. C’est là qu’ils reviennent quand ils sont refoulés à la frontière algérienne. C’est là aussi qu’ils s’abritent entre deux tentatives ratées sur les frontières de Ceuta et Melilla.

À Oujda, les cafés disposent d’une mixité ethnique importante. Sur les bancs, des Arabes et des Noirs discutent ensemble. Nous avons été invités à manger chez une famille et dans une association. Les deux fois, des subsahariens étaient conviés et habitués puisqu’ils se rendaient chez des amis. Cette situation à Oujda est d’autant plus impressionnante si l’on se rapporte à la manière dont cette ville était décrite il y a de cela 10 ans. Aux débuts des années 2000, à Oujda, les taxis refusaient de faire monter les Noirs, même les régulariser. Les trains de l’ONCF, la société de chemin de fer nationale marocaine, étaient interdits aux clandestins. Les migrants fuyaient la police, car autrement ils se faisaient arrêter, mal traités en garde à vue et refoulés à la frontière. Sans oublier de parler du camp de migrants connus de tous : « la fac ».
Le temps révolu du camp de migrants !
Ce camp, installé aux débuts des années 2000, tient son nom du fait qu’il occupait un espace mitoyen à l’Université d’Oujda. Là-bas, les migrants qui y ont vécu, nous rapportaient une véritable organisation sociale. Des tentes montées avec quelques bouts de bois, des couvertures et des bâches en plastique dans un grand terrain qui côtoyées les fenêtres de la cité universitaire. Nous avons visité les vestiges de ce lieu où se trouvait l’ancien camp de migrants : « c’est notre ancienne maison », nous disent nos accompagnateurs. La vie y était organisée, on y trouvait une église, une mosquée, un salon de coiffure et un bar. « La fac » était une ville dans la ville. Après les régularisations, le camp fut démantelé, les migrants sont aujourd’hui pour la plupart tous bien installés. En une semaine, nous n’avons remarqué aucun mendiant noir, aucun mineur non accompagné. Les associations locales nous ont assurés qu’ils n’y en avaient jamais. Aujourd’hui, à Oujda, rien n’est plus pareil selon les dires de nos accompagnateurs qui n’avaient plus revu la ville depuis plus de 10 ans. Cette situation, cette cohabitation n’existe nulle part ailleurs au Maroc.
Comment expliquer ce changement ?
Oujda est une ville qui a pris le temps de s’habituer à la présence des étrangers. Tout n’a pas toujours été rose, bien au contraire. Mais particulièrement depuis les vagues de régularisations et le démantèlement du camp en 2014, les migrants semblent avoir trouvé le moyen de vivre dans une cohabitation paisible avec les Marocains.
À une certaine époque, les migrants clandestins étaient obligés de se promener avec un sac à dos et se faire passer pour des étudiants afin de ne pas être dérangés par la police. Pendant très longtemps, les forces de l’ordre et les migrants ont joué au chat et à la souris à Oujda. Aujourd’hui, les migrants se promènent librement, ils sont régularisés. Pour les clandestins nouvellement arrivés, ils ne restent pas longtemps à Oujda, sauf s’ils ont une connaissance, alors cette dernière les accueillera et les aidera dans leurs démarches administratives. Autrement, ils ne restent à Oujda que le temps de se préparer pour la traversée ou alors pour se diriger vers Rabat, Casablanca ou Fès. C’est à Oujda que nous avons rencontré le plus de subsahariens nous assurant avoir beaucoup d’amis parmi les Marocains. C’est à Oujda que nous fûmes particulièrement surpris de la maitrise de la Dariya par un ressortissant ghanéen. Ce dernier nous a également invités à visiter sa maison. Il vit en collocation, comme de nombreux subsahariens au Maroc, mais son appartement ne ressemble en rien à ce que l’on a pu voir à Rabat. L’appartement est occupé par deux personnes seulement, il est spacieux et complètement meublé. Nous avions l’impression d’être dans la maison d’un marocain par forcément riche, mais qui ne manquait de rien.
Le Maroc progresse dans l’acceptation de l’autre!
Aujourd’hui, à Fès, il y a un camp de migrants comme celui qui existait à Oujda. À Casablanca, il existe un marché « sénégalais » dans lequel des ressortissants subsahariens occupent légalement les boutiques. À Marrakech, nous pouvons tomber sur un groupe d’étudiants subsahariens en vacances. Et à Rabat, les gens tentent tant bien que mal de vivre en paix avec les Marocains. Tout cela pour résumer la pensée de beaucoup de subsahariens rencontrés à Oujda. En ce qui concerne la migration « tout ce qui se passe à Oujda, finit par se passer dans le reste du pays ». Beaucoup envisage donc du progrès à l’avenir au Maroc surtout depuis la nouvelle politique nationale d’immigration et d’asile lancée par le Roi en 2013.
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Le maroc joue avec le feu, en regulasant tous ses subsahariens.nous n’avons pas besoin de ces personne