En raison de l’urgence sur les questions de terrorisme, la Fondation Konrad Adenauer a consacré son neuvième Colloque sur le dialogue interreligieux à la prévention de l’extrémisme. Du 5 au 6 décembre, la rencontre a passé au peigne fin les conditions et les circonstances nécessaires pour inculquer une culture de la paix, seul gage pour promouvoir la stabilité sociale dans la société sénégalaise et africaine en général.

«À cause de mon voile, j’ai été obligée de venir faire mon baccalauréat au Sénégal en 2010, parce qu’en France, où je vivais avec mes parents, c’était interdit». Avec une intonation grave, Sokhna Maï Mbacké raconte son expérience de musulmane dans des sociétés occidentales.

 

En tenant en haleine le public du Colloque sur le dialogue interreligieux, la jeune femme a expliqué «l’extrémisme voilé» et la nécessité de miser sur l’éducation pour prévenir la radicalisation. Aujourd’hui, Sokhna Maï Mbacké est doctorante en économie aux États-Unis et chercheuse à l’institut Timbuktu, un organisme qui travaille pour la prévention de l’extrémisme violent sous toutes ses formes en Afrique.

Le colloque avait pour thème : «Prévenir les extrémismes par le dialogue et la solidarité. Le cas du Sénégal en Afrique». Il a réuni des guides religieux, des acteurs de la société civile, les pouvoirs publics, les ONG, autour de panels et d’ateliers pour disséquer la problématique de fond en comble.

«Le Sénégal est reconnu comme étant un modèle de dialogue interreligieux et interculturel, ce colloque est une plateforme pour mieux échanger sur la promotion de la non-violence et de la paix.» – Thomas Volk, Représentant résident de la Fondation Konrad Adenauer au Sénégal

Reconnaissant que l’extrémisme est une menace qui ne connaît pas de frontières, le directeur de l’Éducation populaire, Célestin Tine, envisage la possibilité d’insuffler aux jeunes le sentiment d’appartenance à la même société, à la même communauté, à travers les écoles et les associations de quartiers.

Pour plus d’efficacité dans la lutte contre l’extrémisme, il propose la mise en place d’une bonne politique d’éducation à la citoyenneté. Il précise que l’enseignement culturel sur les religions constitue aussi une autre modalité de l’éducation au dialogue et à la solidarité.

«Éduquer à la citoyenneté signifie aujourd’hui éduquer à la démocratie, à la participation civique. Une bonne politique d’éducation à la citoyenneté implique le développement des aptitudes à la prise en compte du pluralisme.» – Célestin Tine, directeur de l’Éducation populaire

Lors de son intervention, l’historien Babacar Diop Buuba a éclairé le public sur l’utilisation des textes religieux dans les batailles politiques et idéologiques. L’universitaire a invité les différentes classes de la société à accorder plus d’importance à une éducation religieuse qui converge vers la paix.

Des conflits interreligieux, le Sénégal n’en a pas encore connu, rappelle le directeur de l’Institut islamique, Thierno Kâ. Toutefois, le chercheur à l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) invite tous les acteurs de la société à œuvrer pour que cette tolérance religieuse puisse être durable.

Inscrit dans la même logique que le Forum de Dakar sur la paix et la sécurité, tenu au début du mois de décembre, le colloque a outillé les participants pour contribuer à la préservation de la paix. À l’aide des communications théologiques et universitaires, ils ont été invités à mettre en oeuvre des actions concrètes avant la prochaine édition de l’événement.