Leïla Slimani: Maux et mots autour du sexe

Dans certains pays d’Afrique, le sexe est très souvent lié à la religion ce qui dicte un « certain » comportement à suivre. Par contre, la réalité sur le terrain n’est pas forcement conforme aux exigences de la société ce qui a poussé Leïla Slimani à publier «Sexe et mensonges, la vie sexuelle au Maroc».

Le sexe serait un tabou en Afrique. Dans les propos de Leïla Slimani, il semble exister un prolongement qui peut s’appliquer à toute l’Afrique même si elle prend le Maroc comme cas d’étude. Si la société nous met dans un cadre qui nous oblige à nous taire et être moins regardants sur une question telle que le sexe, Leïla Slimani a osé le dire et l’écrire.

 

Prix Goncourt 2016 Leïla Slimani aime parler du mensonge dans lequel vit notre société. Elle affirmait récemment au micro de RFI:

« Il y a un déficit dans la construction de l’individu […] On ne contribue pas assez à construire l’esprit critique de chaque citoyen […]; devenir des individus sans avoir le sentiment qu’on va détruire des traditions, de l’ensemble de l’organisation sociale. »

La mission de Leïla Slimani est de raconter des contes, mais ses contes n’endorment pas… ils éveillent plutôt!

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L’écrivaine veut rompre le silence qu’impose la société quand il s’agit de sexe. Dans un livre «libre et sexuel», elle décrit une société qui est en décalage entre ce que les gens vivent et ce qui est prescrit. Leïla Slimani est une écrivaine-thérapeute. Elle s’est mise à l’écoute des femmes au Maroc. Ces dernières lui ont confié leur sexualité et leurs difficultés à évoluer dans un monde patriarcal. Une amertume, que Fatou Badi, animatrice de l’émission «On t’écoute» sur Hit Radio laisse apparaître :

« La société est très prude, conservatrice, et en même temps complètement obsédée par le sexe et par la performance. Les gens souffrent d’un véritable dédoublement. »

Dédoublement! le mot est lâché, la société triche avec elle-même quand il s’agit de parler de sexe. Et quand la romancière nous présente cette confession que Zhor, une célibataire de 28 ans lui a faite, nous comprenons le mensonge que toute une société a décidé de légitimer :

« Le hasard a voulu que ma première fois soit un viol, par trois hommes, quand j’avais 15 ans. »

La victime Zhor n’ose pas en parler à ses parents très conservateurs, respectueux des traditions et des lois d’un pays où, notamment ; on peut contraindre une femme à épouser son violeur, et ainsi le dédouaner.

Et pourtant dans l’intimité, l’épanouissement est bien atteint. Ce qui fait dire à Éléonore Sulser, journaliste pour le média suisse «Le Temps» :

« La première chose qu’on constate, ouvrant l’essai de Leila Slimani et se plongeant dans les témoignages, c’est qu’en matière de sexualité les femmes marocaines n’ont rien à apprendre non plus des femmes occidentales. »

Ce livre qui est un concentré de confidences de femmes qui ont murmuré à l’oreille de Leïla Slimani est une source qui participe à l’éducation de tous. Non seulement, la marocaine invite à la construction d’un citoyen modèle, elle suggère à la société d’arrêter sa schizophrénie concernant le sexe. Pour ce faire, la méthode est simple, il faut que le mensonge cesse autour du sexe.