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En Afrique, les espaces publics ne sont plus uniquement des lieux de passage ou de commerce. Ils deviennent des laboratoires d’expression citoyenne, de créativité et de revendication sociale. Aujourd’hui, les jeunes redéfinissent les espaces publics africains en les transformant en terrains d’engagement, de dialogue et d’innovation.

Une jeunesse urbaine en quête de sens

Avec plus de 60 % de la population africaine âgée de moins de 25 ans, la jeunesse est au cœur des mutations sociales et politiques du continent. Dans les villes africaines, les jeunes investissent les rues, les places, les friches urbaines et les réseaux sociaux pour revendiquer leur droit à la ville, à la parole et à la participation.

Selon le rapport du GRIP (Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité), cette jeunesse urbaine agit comme un acteur collectif majeur, en réinventant les formes d’engagement et en contestant les modèles politiques traditionnels.

Espaces publics physiques et numériques : des terrains d’action

Les jeunes africains ne se contentent plus d’occuper les espaces publics traditionnels. Ils les réinventent à travers :

  • Des performances artistiques (rap, danse, théâtre de rue)
  • Des mobilisations citoyennes (mouvements comme Y’en a Marre au Sénégal ou Le Balai Citoyen au Burkina Faso)
  • Des actions communautaires (nettoyage, reboisement, sensibilisation)
  • Des campagnes numériques sur les réseaux sociaux

Le Bridge Africa Summit 2025 a montré que les jeunes veulent des espaces publics inclusifs, adaptés à leurs réalités et porteurs de leurs ambitions.

Repenser l’aménagement urbain avec les jeunes

Des initiatives comme le programme de recherche-création lancé par Africa Innovation Network et le Campus AFD visent à réimaginer les espaces publics africains à partir des savoirs locaux et des usages réels. À Douala, par exemple, les jeunes réinvestissent les trottoirs, les rues et les friches pour créer des lieux de socialisation, de commerce et de mémoire collective.

Ce mouvement appelle les urbanistes et les décideurs à intégrer les jeunes dans les processus de conception urbaine, en valorisant leurs imaginaires et leurs pratiques.

Une parole libérée, mais encore fragile

Malgré cette dynamique, les jeunes restent confrontés à des obstacles :

  • Manque de reconnaissance institutionnelle
  • Répression des mouvements sociaux
  • Accès limité aux espaces de décision
  • Modèles urbains hérités de l’époque coloniale, souvent inadaptés

Comme le souligne Évariste Dakouré dans Communication et langages, les jeunes africains utilisent les réseaux sociaux pour élargir l’espace public et contourner les restrictions politiques.

Vers une citoyenneté active et inclusive

Les jeunes redéfinissent les espaces publics africains en les transformant en lieux de débat, de création et de transformation sociale. Leur engagement, à la fois physique et numérique, dessine les contours d’une nouvelle citoyenneté urbaine, plus inclusive, plus participative et plus ancrée dans les réalités locales.

Pour que cette dynamique s’inscrive dans la durée, il est essentiel de :

  • Soutenir les initiatives locales
  • Favoriser l’accès aux ressources et à la formation
  • Intégrer les jeunes dans les politiques urbaines
  • Valoriser les espaces publics comme biens communs