Société

En Afrique, l’hospitalité augure une nouvelle culture de l’Universel, à travers des comportements redéfinis de peuples historiquement versés dans cette valeur éthique et divine qui fait défaut de nos jours à bien de sociétés, et qui expose l’humanité à la difficulté du vivre-ensemble.

 

Une nouvelle culture de l’Universel par l’hospitalité en Afrique

De mémoire des recherches d’historiens, de sociologues et d’anthropologues sur les Dida-Godié (une ethnie de la Côte d’Ivoire), il est ressorti que ce fut un peuple guerrier, qui défrichait les espaces indéfrichables, qui ouvrait les forêts vierges impénétrables, un peuple conduit par des pionniers forts courageux.

 

Le trait le plus marquant de notre monde contemporain est la saisie de l’hospitalité comme un vivre-ensemble non plus domestique, mais bien plus un espace où les humains vivent en co-vivant. Ici, chacun adhère à la vie avec l’autre, à la vie en communauté, à une culture nouvelle voire à la civilisation. « Sans l’hospitalité, un peuple n’est pas civilisé», écrivait Jean Daniélou.

Si les Dida-Godié perdent de vue ces valeureux traits de leur hospitalité, le pays de l’hospitalité qu’est la Côte d’Ivoire comme on le chante dans le deuxième vers de notre «Abidjanaise», sera ce qu’il a été de 2002 à ce jour, à savoir un pays de l’hostilité. Le pays a basculé de la civilisation à la nature des libertins, cette nature qui prend les crimes les plus odieux pour des fléaux naturels comme la peste ou les catastrophes naturelles. Après la foi en Dieu, l’hospitalité est le second ressort de la civilisation.

Il y a eu les années dernières des soulèvements dus à la grogne populaire contre le Compagnie Ivoirienne de l’Électricité (CIE) ; mais peut-on pour ces factures exorbitantes et onéreuses enlever l’ampoule de la chambre d’un agent de la CIE qui trouve refuge hospitalier chez nous, le priver ainsi de lumière pour l’amener à nous garantir la lumière à bas prix ? Bien évidemment non, il pourra jouir de l’éclat de l’ampoule, de la connexion internet, du split, du chauffe-eau, de toutes les commodités dues à son rang simplement d’étranger, de visiteur ou d’hôte à qui nous manifestons de l’hospitalité.

L’autre qui est notre rencontre, l’alter ego au cœur de notre identité. C’est la découverte de la nouvelle expérience à vivre avec l’autre, la mise en dialogue de nos différences, le mouvement d’arrivée et d’accueil, le bruit qu’on entend à une porte frappée et qui s’ouvre par la bienveillance du prochain qui se soumet à cette épreuve de l’hospitalité qui doit obliger aujourd’hui le Dida-Godié à demander pardon, à se pardonner en s’acceptant comme tel, c’est-à-dire cet être hospitalier par excellence, qui vainc les combats les plus rudes sans forcement avoir chasser tout ce qui lui déplaît, mais en accueillant chaleureusement ce qu’il a vaincu.

Certes, le visage inconnu de l’étranger inspire la crainte et l’angoisse, mais ce sentiment est partagé, car combien de fois n’avons-nous même pas été étrangers sous d’autres cieux, dans d’autres pays, et n’avons-nous pas veillé la première nuit de l’hospitalité à nous offerte par l’autre ?

La nouvelle culture qui conduira à coup sûr à l’universel, est celle qui ressasse sans cesse en son tréfonds la loi du partage dans toutes les acceptions du terme.

Source: Afrique: l’hospitalité, la nouvelle culture de l’Universel