EvaDoumbia

Portrait d’une metteure en scène qui questionne la place des Noires dans la société française et appelle à un renouveau du théâtre hexagonal.

Une couronne de plumes jaunes sur la tête qui n’est pas sans rappeler la ceinture de bananes de Joséphine Baker, Eva Doumbia s’affaire derrière les fourneaux. Casseroles, autocuiseur pour riz, boîtes d’épices… et, étalés sur un pagne sur le devant du plateau, des tomates et des bananes. Un musicien l’accompagne. Il s’agit de Lionel Elian, son compagnon, qui, lorsque sa mère lui demande ce qu’Eva Doumbia mange avant de la recevoir, répond tout de go : « Des bananes. » « En fait, elle voulait savoir si je mangeais du porc », raconte la metteure en scène née en 1968 d’une mère normande et d’un père malinké.

 

A partir de son histoire familiale et de sa position de femme perçue avant tout comme noire dans la société française, Eva Doumbia interroge avec intelligence et perspicacité les rapports raciaux nés de l’histoire française esclavagiste et coloniale, en utilisant un médium original : les aliments. Comment se fait-il qu’il n’y a pas si longtemps encore (en octobre 2013), l’on jetait à la figure d’une garde des sceaux de la République française, Christiane Taubira, une banane en la traitant de guenon ? Parce qu’une idéologie raciste toujours bien vivace compare les Noirs à des singes, lesquels, contrairement à une idée répandue, ne mangent pas de bananes dans la nature…

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