Le 21 décembre dernier, le tribunal militaire de Yaoundé a acquitté le correspondant de RFI en langue haoussa, Ahmed Abba, de blanchiment de produit d’un acte terroriste. Après 29 mois d’emprisonnement, il est désormais libérable.

C’est une victoire pour le groupe Radio France Internationale. Leur correspondant camerounais Ahmed Abba a finalement été acquitté de blanchiment de produit d’un acte terroriste. Toutefois, le 21 décembre, il a tout de même été condamné à 24 mois de prison pour non-dénonciation d’acte terroriste. Rappelons qu’il avait initialement été condamné à 10 ans de prison, en plus d’une amende d’environ 85 000 euros par la justice militaire camerounaise.

 

Ce nouveau verdict vient à la suite d’un recours en appel de ses avocats. Emprisonné depuis plus de 29 mois, Ahmed Abba avait été arrêté en juillet 2015, à Maroua, dans l’Extrême-Nord du Cameroun.

En reportage dans cette zone de crise où Boko Haram sévit, le journaliste avait été arrêté par des agents de la Direction de la surveillance du territoire (DST). Pendant plusieurs mois, personne ne savait où Ahmed Abba se trouvait. Lors du procès qui s’est tenu en mi-novembre, il a confié avoir été torturé quotidiennement par les forces militaires, celles-ci le soupçonnant d’être affiliée à Boko Haram.

Dès lors, une lutte sans fin a pris place dans les tribunaux, entre les représentants de RFI et les militaires. Défendant à chaque fois l’innocence de son correspondant, la direction de RFI Afrique a déclaré avoir du mal à cerner ce qui était exactement reproché à Ahmed Abba. Depuis le début, celui-ci a d’ailleurs catégoriquement nié toute implication ou attache avec des membres de Boko Haram, affirmant qu’il ne trahirait jamais sa patrie.

« Je suis un patriote et j’aime mon pays. Je ne me suis jamais associé aux terroristes pour nuire à mon pays et je ne le ferai jamais ». – Ahmed Abba

Le 16 novembre dernier, pour honorer son combat et lui apporter soutien, le Comité de protection des journalistes (CPJ) a d’ailleurs récompensé Abba du prix de la liberté de la presse. Comme plusieurs de ses confrères, Ahmed Abba fait partie de ces journalistes qui n’hésitent pas à mettre leur vie en péril dans la quête de la vérité.

« C’était important pour nous de montrer au monde, mais aussi au gouvernement camerounais que Ahmed Abba est un journaliste, pas un terroriste. (…) Pour nous, Ahmed Abba est un symbole, il représente tous ces journalistes sur le continent africain et ailleurs dans le monde qui sont menacés de poursuites par le biais des lois antiterroristes ». – CPJ

Condamné à 24 mois de prison, Ahmed Abba en a cependant déjà passé 29 à l’ombre. Sa libération serait donc fortement probable dans les jours à venir. Après ce long et âpre combat juridique, le journaliste aperçoit enfin la lumière au bout du tunnel.