Invité au Salon du livre de Montréal cette semaine, Felwine Sarr est un écrivain sénégalais porteur d’une nouvelle pensée africaine. Véritable phénomène mutildimensionnel : musicien, économiste, professeur, libraire, éditeur, c’est un citoyen du monde et un homme de son temps !

Né en 1972, sur l’île de Niodior – une localité située au centre du Sénégal – Felwine Sarr agit ainsi avec plusieurs titres. Docteur en économie, doyen de la faculté d’économie et de gestion de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, il est également un poète et un philosophe qui veut panser l’Afrique par ses œuvres.

 

Un peu partout à travers le monde, c’est un écrivain prolifique. Il dit avoir développé une sensibilité littéraire et artistique dès l’adolescence. Actuellement, il présente sa plus récente proposition, Habiter le monde : essai de politique relationnelle, à la 40e édition du Salon du livre de Montréal, qui se déroule du 15 au 20 novembre 2017.

Felwine Sarr veut saisir cette occasion pour toucher le cœur de ce public installé loin de sa terre natale. Et d’ailleurs, l’auteur ne peut être qualifié exclusivement de penseur africain. Entre les lignes de ses écrits et l’écho de sa voix, il est reconnu comme «un défenseur exigeant de l’universel».

«En tant qu’écrivains, nous sommes solitaires, seuls face à notre texte. Un salon, c’est l’occasion d’échanges et de rencontres avec les lecteurs.» – Felwine Sarr

Felwine Sarr affirme avoir beaucoup de points en commun avec les Québécois : «Dans les espaces extrahexagonaux comme le Sénégal et le Québec, il y a une grande vitalité. On partage une culture et une langue qui ne passe pas par le centre, c’est-à-dire la France».

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Considéré comme un surdoué, il assure ses multiples réflexions politiques et reçoit des éloges dans toute la francophonie et au-delà par ses prises de position et ses ouvrages.  Dahij, paru en 2009, est «une guerre intérieure, un jihad pour sortir de soi-même» ; 105 rue Carnot (2011) est un ensemble de récits, de souvenirs d’enfance et de scènes de vie.

Méditations africaines (2012) est un recueil d’aphorismes et de sagesses africaines. Afrotopia (2016) se veut le contrepied catégorique de l’afropessimisme.

«L’utopie est là, mais personne ne la voit : c’est l’Afrique.» – Felwine Sarr

Spécifiquement africain

Défenseur acharné de l’Afrique qui «n’a personne à rattraper», Felwine Sarr réfute l’hégémonie occidentale et sa domination intellectuelle. «La chance de l’Afrique peut résider justement dans le fait qu’elle n’est pas encore complètement intégrée dans ce modèle rationaliste et mécaniciste, dont nous voyons bien aujourd’hui les limites», soutient-il.

En ces termes, Felwine Sarr porte le manteau d’un avocat qui défend la spécificité de l’Afrique.  «J’ai la faiblesse de croire que lorsqu’on pense l’Afrique, on pense le monde», explique l’auteur sénégalais.

Cofondateur des Ateliers de la pensée, dont la deuxième édition s’est déroulée au début du mois de novembre 2017, Felwine Sarr et une cinquantaine d’intellectuels et d’artistes ont réfléchi sur les enjeux auxquels fait face le continent africain. Au côté de son allié, l’historien camerounais Achille Mbembé, il se positionne comme l’éveilleur d’une nouvelle conscience intellectuelle africaine.