Le Swaziland porterait à merveille le surnom de « force tranquille ». En effet, ce territoire immergé au cœur de l’Afrique australe n’est pas un pays qui fait parler de lui. Très peu connu, surtout par les Africains. Le pays cache pourtant des particularités qui méritent qu’on s’y attarde.

Petit royaume du sud de l’Afrique, le Swaziland est la seule monarchie absolue de l’Afrique subsaharienne. Cela signifie que le roi dirige son peuple d’une main de fer et ne laisse aucune place aux idées d’émancipation et de démocratie qui pointent depuis quelques décennies déjà.

 

Entouré des membres de son clan qui gèrent les affaires de l’État, le monarque, connu pour son intransigeance et ses frasques, laisse planer sur le nom de son royaume un mystère difficile à percer. Nul ne sait ce qui se passe réellement à la cour du roi, sinon ce que l’on veut bien laisser savoir.

Cette ancienne colonie anglaise est restée très attachée à sa culture traditionnelle et continue de la pratiquer au quotidien, et ce, sur tous les plans. De la gestion de la cité aux pratiques culturelles et rituelles, en passant par les chants et les danses, tout dans le royaume est empreint d’une tradition ancestrale qui continue d’être respectée par tous les Swazis.

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Roi Sobhuza II Ⓒ https://www.pinterest.com

Le roi Sobhuza II proclame l’indépendance de son pays le 6 septembre 1968. Il meurt en 1982 et deux de ses veuves, les reines Dzeliwe et Ntombi, se disputent la régence. Au Swaziland, ce n’est pas le roi qui désigne son successeur, c’est la famille royale qui choisit laquelle des épouses doit être la « Grande Épouse » et « Indlvukazi » (Éléphante, comprendre reine mère). Le fils de cette épouse devient automatiquement le roi suivant. La « Grande Épouse » doit avoir eu un seul fils du roi, avoir un bon caractère et venir d’une famille honorable. Les deux premières épouses sont choisies par des conseillers et ont des fonctions rituelles spécifiques, mais leurs fils ne peuvent pas prétendre au trône ; elles doivent provenir pour la première du clan Matsebula et pour la deuxième du clan Motsa. Traditionnellement, le roi épouse une fiancée seulement après qu’elle tombe enceinte, prouvant ainsi qu’elle peut donner des héritiers.

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Roi Mswati III Ⓒ https://mg.co.za

C’est finalement Ntombi qui fut officiellement intronisée le 5 septembre 1983. Le 25 avril 1986, son fils, le prince héritier Makhosetive, accéda au trône sous le nom de Mswati III. Le jeune souverain, souhaitant apporter du renouveau, a dissout l’assemblée coutumière chargée de conseiller le roi. Une décision qui entraîna des troubles importants dans le royaume. Les partis politiques étant interdits, la crise s’est accentuée au point d’inquiéter les pays voisins qui craignaient pour la stabilité de la région.

À ce jour, le roi Mswati III continue d’exercer le pouvoir de manière totalitaire sans tolérer la moindre opposition, gouvernant par décret avec une constitution qu’il a fait voter par le sénat, renforçant ainsi sa mainmise sur le pouvoir. Par exemple, en interdisant à toute cour de justice la poursuite du roi ou de ses conseillers. Ses frasques franchissent parfois les murs bien gardés de son royaume et nous parviennent comme ce fut le cas lorsqu’il kidnappa sa future épouse ou lorsque le montant de sa fortune colossale fut dévoilé en 2009.

Le pouvoir est sans conteste une affaire de clan et de famille au Swaziland, mais aussi, et surtout, une question de tradition qui dissuade d’aller contre la volonté des ancêtres ou de se rebeller contre l’ordre établi et d’après la tradition décidée par les divinités.