
Cette édition aura réuni plus de 1200 professionnels autour d’ateliers, de conférences, de rencontres professionnelles, mais surtout de musique. Le rendez-vous est pris pour l’année prochaine, avec la même ambition : faciliter les échanges entre les cultures africaines et orientales.
La quatrième édition de Visa for music s’est achevée le samedi 25 novembre 2017, même si la fête n’est véritablement finie qu’au petit matin du dimanche 26. Le monde entier, réuni à Rabat au Maroc, s’est parlé, a partagé et a communié en différentes langues. Les professionnels et le public se sont davantage compris en musique. Il y en avait d’ailleurs pour tous les goûts. Du Gnaoua du Maroc au Makunè du Cameroun en passant par les musiques traditionnelles galiciennes d’Espagne. Quatre scènes pour une quarantaine d’artistes programmés en showcases, en plus des discs jockey qui assuraient les after.
Hors scène, Visa for music était aussi un moment de réflexion sur les problématiques liées aux échanges entre les cultures, à la tolérance. Une conférence tenue le samedi 25 novembre a, par exemple, porté sur la culture comme facteur de paix sociale. Ici, les intervenants ont expliqué à quel point, il est important d’engager des projets culturels au sein des communautés, non seulement pour changer certaines dispositions d’esprits et lutter contre des fléaux (racisme, guerre, etc.), mais aussi pour inculquer le respect des différences aux jeunes. Le rappeur mauritanien Kane Limam Monza, panéliste à l’occasion, a raconté l’expérience de Assalamalekoum, un festival qu’il promeut dans son pays depuis dix ans. Il constate que cet événement a changé les jeunes. « On réconcilie la Mauritanie avec sa multi-culturalité. Le hip hop mauritanien est un appel à la dignité. On doit s’assumer en tant que génération patriotique. Aujourd’hui, il y a plus de rappeurs et moins de voyous et donc moins d’arrestations dans les rues de Nouakchott », affirme-t-il.
Pour François Meslouhi, franco-marocain installé au Brésil, cette notion de culture comme facteur de paix sociale est encore plus vraie dans son contexte. « Dans certaines favelas, tu retrouves des jeunes qui ne savent ni lire ni écrire, à qui l’on n’a pas appris à parler en public. Tout ce qu’ils ont en eux reste en eux. À un moment, tout ça doit sortir, et ce n’est que par l’expression culturelle », soutient-il. En somme, la culture est au cœur de tous les changements positifs au sein des sociétés du monde.
Construire une carrière musicale
Autre arrêt. Institut français du Maroc à Rabat. Ici, du 22 au 24 novembre, une formation en management culturel a été animée par Luc Mayitoukou, manager artistique, directeur de Zhu culture ; et Mounir Kabbaj, cofondateur du label de productions de spectacles Ginger sounds. Pendant trois jours, les participants ont été édifiés sur comment adapter leurs projets aux nouvelles exigences de l’industrie musicale. Les formateurs ont associé, aux savoirs théoriques, leurs propres expériences pour décrire la construction d’une carrière sur le long terme. Dans ce projet, il faut prendre en compte de nombreux paramètres, notamment les étapes de l’enregistrement d’un disque, le story-telling, la stratégie de communication et ses différents outils, les métiers à faire valoir et leurs rôles spécifiques, la préparation d’une tournée, l’attitude générale à adopter quand on veut faire carrière, etc.
Au sortir de cette formation, les participants auront retenu qu’il faut cultiver la patience et ne pas se presser de sortir un single sans avoir préalablement préparé un album. Une carrière musicale est un concept, un projet qui doit être bien pensé pour être « unique, original, impactant et pertinent », insiste Mounir Kabbaj.
Hommages
Concernant les rencontres professionnelles, des membres de l’European forum of worldwide music festivals ont mené une réflexion pour changer de dénomination. Oui, parce que pensé pour réunir des promoteurs des plus grands festivals d’Europe, ce forum accueille désormais des membres africains comme le marocain Brahim El Mazned (festival Timitar), le Franco-Capverdien José Da Silva (Kriol jazz festival) et le Camerounais Luc Yatchokeu (Le Kolatier). Le jeudi 23 novembre, les membres de l’organe (ils sont 16 au total) ont réuni les propositions et réparti les tâches. Le travail va se poursuivre après le Maroc. Et, en mars 2018, la nouvelle dénomination sera dévoilée en assemblée générale à Marseille en France, lors du Babel Med.
La quatrième édition de Visa for music a également permis de rendre hommage à quatre personnalités de la culture africaine : le chanteur et compositeur Ahehehinnou, membre fondateur du groupe quinquagénaire Poly-rythmo (Bénin) ; l’entrepreneur et expert en gestion d’art et de culture Mamou Daffé, du Mali ; la chanteuse marocaine de Aita Marsaouiya Khadija Bidaouia ; le directeur exécutif fondateur de Ketebul Music Tabu Osusa du Kenya.
Source : Maroc: rideau sur Visa for music 2017