Dans l’histoire de l’humanité, l’Afrique a longtemps été considérée comme un continent dont l’apport aux événements qui ont révolutionné les sociétés était négligeable. Cependant, depuis quelques décennies, grâce aux découvertes faites sur le continent et aux études effectuées par d’éminents universitaires, le voile se lève enfin sur la véritable place de l’Afrique dans l’évolution des civilisations, ainsi que sur sa contribution au patrimoine mondial.

Lorsque l’on se réfère aux documents historiques produits par les anthropologues, Toumaï serait le plus ancien spécimen humain découvert dans la vallée du Rift et daterait de 7 millions d’années. Ce qui confirmerait donc la théorie de l’Afrique comme berceau de l’humanité. Partant de ce constat, il a été démontré que l’Homo erectus est le premier homme à avoir quitté le berceau africain pour occuper les territoires de l’Eurasie, il y a 1,7 million d’années. Ses traces sont présentes dans le Caucase, point de départ de sa dissémination à travers l’Asie et l’Europe. Or, il faut prendre en considération que les côtes européennes s’étant séparées du continent africain voici plus de 5 millions d’années et qu’aucune altération du niveau des mers n’ait permis depuis de rallier l’Europe à l’Afrique à pied, seuls des explorateurs capables de naviguer en haute mer ont pu constituer les premières populations.

 

D’après l’historien afro-américain, David Imhotep, ce serait d’ailleurs cette expérience de navigation ancienne qui aurait permis à l’Africain de traverser l’océan Atlantique, il y a 65 000 ans, pour peupler l’Amérique puis d’arrimer sur les côtes australiennes il y a 50 000 ans.

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Navire du pharaon Khoufou qui à l’origine était en roseaux séchés et tressés Ⓒ http://www.ancientpages.com

Les Égyptiens anciens utilisaient des navires en roseaux séchés de papyrus, fabriqués par le peuple Buduma, installé autour du lac Tchad. Cette science navale va cependant se perfectionner pendant le règne du pharaon Snéfrou qui, grâce à ses expéditions vers le Liban, ramène du bois de charpente (cèdre et sapin) et fait construire des bateaux de plus de 30 mètres et d’autres de plus de 50 mètres, dépassant largement la longueur du «Santa Maria», avec lequel Christophe Colomb arriva en Amérique.

À partir de là, de nombreuses expéditions eurent lieu, comme celle de la pharaonne Hatchepsout à Punt (actuel Ouganda) qui traversa la mer rouge et longea la côte est africaine, dans le but de la cartographier. Vinrent ensuite les noirs phéniciens, qui fondèrent la cité de Carthage (actuelle Tunisie). Grands navigateurs de l’Antiquité, ils investirent l’Europe et leurs traces ont été retrouvées jusqu’en Grande-Bretagne. Des illustrations retrouvées au Mexique attestent qu’une expédition soudanaise, dirigée par un Phénicien, arriva en Amérique en –700. La navigation africaine atteignit son apogée avec les guerres entre Carthage et l’Empire romain, où des navires pouvant contenir jusqu’à 400 hommes furent déployés. De même, les échanges commerciaux entre les cités d’Afrique de l’Est, notamment les Swahilis, et l’Asie, Madagascar et les Indes nécessitaient l’utilisation d’une flotte adaptée, ce qui entraina une évolution graduelle des méthodes de construction navale.

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Port de Carthage Ⓒ http://www.moddb.com

De nombreux témoignages datant du 14e siècle confirment la présence de navires africains sur les mers du monde. Des navigateurs portugais informèrent Christophe Colomb de la présence de bateaux provenant d’Afrique de l’Ouest vers l’Amérique. Des Indiens d’Haïti révélèrent être visités régulièrement par des marchands noirs, venant leur vendre des lances faites d’or, d’argent et de cuivre, correspondant à celles que fabriquaient les Mandingues.

Il est donc indéniable que l’histoire africaine, bien qu’ayant pâti de l’absence de retranscription écrite par ses protagonistes, a tout de même de beaux faits d’armes. Le continent, grâce aux découvertes réalisées et aux recoupements effectués par les historiens, voit petit à petit son blason redoré.