
En Afrique, la musique fait bien des heureux. Aux oreilles des mélomanes, elle séduit et elle permet aux artistes de performer partout sur le continent et à l’international. La musique africaine étant un secteur florissant, nous avons questionné le marché du disque africain. Voici quelques réponses.
La forte croissance de la musique africaine provient des recettes produites par les spectacles et les concerts. Au Nigéria, pays le plus peuplé d’Afrique, l’industrie musicale a généré en 2014 un chiffre d’affaires de 47 millions de dollars, soit une hausse de 6,4% sur l’année précédente.
En effet, les concerts constituent la source de revenus la plus importante pour les artistes africains et Micheal Igwu, fondateur de la plate-forme en ligne de musique sur demande iRocking, le reconnait :
«Le web et le mobile sont au cœur du business et du processus de création de tubes qui se font dans un salon avec un ordinateur. Mais les artistes vivent d’abord des concerts».
Cette idée est aussi reconnue chez Vicky Myburg qui a mené une récente enquête d’audit sur l’industrie de la musique africaine pour Price Waterhouse Coopers (PWC) :
« La musique Live est le secteur qui s’en sort très bien depuis ces cinq dernières années. Les gens sont prêts à débourser beaucoup d’argent pour assister à un concert. »
Les musiciens africains de hip hop et d’afrobeat sont sur tous les écrans d’Afrique, d’Europe et des Amériques. Ils font des tournées dans les quatre coins de la planète et assurent des featurings avec les plus grandes stars du monde. Cette reconnaissance est le résultat d’une transformation remarquable. Si la musique africaine fait de bonnes recettes, c’est parce qu’elle intéresse le monde entier et en particulier les jeunes. La musique proposée et qui fait le buzz est une fusion d’anciens rythmes et de nouvelles créations comme nous l’indique Claire Henocque, fondatrice de Tour Makers, basée en France et qui organise des tournées et des concerts pour plusieurs artistes africains :
« Il y a vingt ans, on s’intéressait aux griots chanteurs, au côté traditionnel de la musique africaine. Ce qui séduit aujourd’hui, c’est la capacité de ses musiciens à fusionner avec les autres genres. »
Le public pour ces artistes est largement composé de jeunes. Les jeunes africains dont la tranche d’âge varie de 15 à 24 ans sont au nombre de 200 millions. Un fort potentiel qui constitue de grands consommateurs de la musique parce que justement ils ont soif de nouveauté et les musiciens actuels incarnent ce renouveau.
Selon le rapport de l’IFPI du Global Report Music 2016 sur le marché du disque, après le live c’est le secteur du digital qui booste la croissance de la musique africaine. Surtout du côté du streaming. Les plateformes de streaming sont devenues prisées en Afrique. Selon l’IFPI, le streaming a connu une évolution admirable : 93% des parts de marché en 2015.
Le streaming est favorisé par la démocratisation et la forte pénétration des smartphones, la baisse des prix des appareils et la capacité accrue d’accès hors connexion.
Au Nigéria, l’industrie musicale a enregistré en 2015 plus de 150 millions de dollars de revenus annuels grâce aux téléchargements mobiles et aux plateformes des téléchargements comme Spotify et Apple Music. L’Angola, le Ghana ou le Kenya sont en train de prendre le virage du digital avec un potentiel de croissance très important. Le digital intègre désormais les marchés du disque.
L’arrivée des smartphones «Low-Cost» produits par Samsung, Blackberry ou encore Nokia a favorisé le développement de la musique sur les plateformes digitales. Aujourd’hui, avec un taux de pénétration mobile qui dépasse 80%, l’Afrique utilise 1,13 milliards de téléphones portables. Par exemple sur Mdundo qui est une plateforme de musique, 100,000 personnes paient 1.50$ par mois pour avoir accès à 1500 artistes. En 2014, lors des «Billboards Beats FM Music Day», le directeur de Roc Nation’s, Briant Briggd commentait :
« Je pense qu’il existe un énorme potentiel du marché africain, compte tenu de la baisse drastique du prix moyen d’un smartphone et de la croissance importante de cet outil sur les marchés concernés. Cela implique nécessairement une croissance de la consommation de contenus dont le contenu musical. »
Aujourd’hui, selon PWC le marché nigérian de la musique va augmenter à un taux annuel d’environ 13% et de 9,3% au Kenya. L’industrie du disque est florissante en Afrique grâce à des artistes innovants et à leur talent . Bon vent à ces artistes!