
Le Fonds monétaire international change de paradigme et fait du secteur informel un levier de croissance pour l’Afrique. Certains ont anticipé cette approche.
Longtemps le secteur informel aura été considéré comme une fatalité pour les économies des pays africains. Car difficile à définir et à quantifier, il occupe pourtant une place centrale dans les sociétés africaines. En 2017, la donne change et des institutions comme le Fonds monétaire international commencent à vouloir en faire un levier de croissance pour le continent africain. Quelles sont les raisons de ce basculement de point de vue ? Quel est le poids réel de l’économie informelle dans les PIB africains ? Le Fonds monétaire a récemment publié un classement qui calcule pays par pays l’importance du secteur informel dans les économies africaines, où sa contribution au PIB s’échelonne entre 25 % et 65 % et où il représente entre 30 % et 90 % de l’emploi non agricole.
Le secteur informel : nouvelle définition
Pour commencer, le FMI a redéfini le cadre du secteur informel. Pour l’institution «ce terme englobe les entreprises familiales qui produisent une certaine valeur marchande sans être enregistrées et plus largement, la production souterraine résultant d’activités productives qui sont le fait d’entreprises enregistrées, mais peuvent ne pas être déclarées aux autorités en vue d’échapper à la réglementation ou à l’impôt, ou parce qu’elles sont simplement illégales. » Exemple au Sénégal, où selon le Recensement général des entreprises (RGE) publié à la fin du premier trimestre 2017, sur quelque 407 000 « unités économiques» (allant des micro-entreprises aux grands groupes) dénombrées dans le pays, plus de la moitié exercent leur activité dans le commerce. Or « plus de 96 % sont des entreprises individuelles et 97 % des unités économiques recensées sont informelles », d’après cette enquête réalisée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), à partir des données de 2015. Commerçants, ferrailleurs, mécaniciens, plombiers, maçons, chauffeurs, taxis, artisans, couturiers…voilà une liste de métiers qu’occupent les personnes dans l’informel, parfois en plus de fonctions plus officielles. Pendant des décennies injonction avait été faite aux États de formaliser certaines de ses activités. Derrière cette volonté se cachait aussi l’enjeu de la bancarisation des populations africaines. En vain. Ces stratégies ne sont pas révélées efficaces. Car le secteur informel sert d’amortisseur social.
Source: Afrique : le secteur informel fait sa révolution