Lalla Fatma N’Soumer est une Kabyle, résistante à la conquête de l’Algérie par la France dans les années 1850. Confirmant l’image révolutionnaire que l’on attribue généralement aux Kabyles, elle a lutté et fait preuve d’une volonté de fer pour émanciper son pays et le libérer du joug colonial. Sa résistance menée de front et sa condition de femme dans un pays de confession musulmane sont à l’origine de son image de quasi sainte en Algérie. On lui attribuera d’ailleurs le surnom de Jeanne d’Arc du Djurdjura.

Souvent dit-on, les destins les plus courts sont les plus valeureux. Lalla Fatma N’Soumer n’aura vécu que 33 ans mais, toute sa vie durant, elle fut au service de sa patrie en laquelle elle croyait fermement. Née en 1830 à Ouerdja en Haute Kabylie, Lalla est la cadette d’une famille de 5 enfants dont le père était directeur d’une école coranique. Trois ans après le début de la Guerre d’Alger, la France ayant lancé une violente campagne de colonisation de l’Algérie, Fatma commence à développer une profonde aversion envers les colonisateurs. Fille aux convictions bien plantées, elle refuse de se marier sous la pression de son père. Elle finira toutefois par abdiquer et sera finalement l’épouse de l’un de ses cousins. Néanmoins, elle se cloitrera dans la chambre nuptial refusant de consommer ce mariage qu’elle n’a pas choisi et se consacrera à la prière des jours durant jusqu’à ce qu’elle soit renvoyée chez elle.

 

Résultat de recherche d'images pour "Lalla Fatma N’Soumer"
Lalla Fatma N’Soumer © https://alchetron.com

A la mort de son père, Fatma part rejoindre son frère à Soumer, où il dirige également une école coranique et elle l’assiste dans son travail, se consacrant particulièrement aux enfants et aux pauvres. Elle acquiert ainsi une excellente réputation, les habitants lui attribuant parfois des pouvoirs surnaturels, allant jusqu’à la qualifier de prophétesse.

En 1849, lorsque les troupes légionnaires françaises pénètrent dans la région du Djurdjura, une chaîne montagneuse au nord de la Kabylie, le Cherif Boubaghla initie un mouvement de révolte populaire que Fatma rejoint immédiatement. Elle commence par réunir des denrées destinées aux combattants , puis, elle prend carrément une place sur le champs de bataille menant les troupes au combat. Elle élabore des stratégies et participe aux assemblées réservées aux hommes, gagnant le titre de Lalla, titre honorifique réservé aux femmes en raison de leur âge ou de leur rang. En 1854, à la mort du Chérif Boubaghla, elle poursuit la lutte et remporte plusieurs victoires face aux forces françaises.

Les Français demandent alors des renforts et, en 1857, les insurgés kabyles se retrouvent face une armée de 35 000 hommes. Fatma encourage ses troupes à se battre jusqu’au bout pour protéger la liberté du pays, mais perd la bataille. En juillet 1857, elle est arrêtée, emprisonnée, puis placée en résidence surveillée. Le mouvement ne survit pas à cette capture et la campagne de Djurdjura s’achève avec l’arrestation de Fatma. Elle meurt en captivité, en 1863, affaiblie par son incarcération et affectée par la mort de son frère.