
Le Sénégal est très riche culturellement. Malgré son lourd passé de plaque tournante du commerce des esclaves et ses nombreux contacts avec des nations étrangères, il a su conserver son authenticité. Cette richesse qui est aujourd’hui reconnue sur le plan mondial est partagée généreusement et fièrement par tout un peuple, conscient d’avoir offert à l’Afrique l’une des plus belles pages de sa culture.
Contrairement à celle de la plupart de ses voisins, la culture sénégalaise n’est pas riche en art figuratif. Vous ne serez sûrement pas amené à découvrir des masques ou des sculptures représentatives de telle ou telle ethnie, mais par contre, en parcourant les différentes pages de l’histoire du pays, il est facile de reconnaître que le Sénégal est un pays en éveil, un pays de lumières.

Il faut parcourir les routes tortueuses de cette terre d’histoire à la découverte de ses spécificités : de «Ndar» la glorieuse, nom wolof de Saint-Louis, ville nichée au bord de l’Atlantique, à l’île de Gorée, symbole de la souffrance de tout un peuple, toutes deux inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO.
La culture au Sénégal, c’est d’abord la musique avec le «Mbalax», cette musique typique du pays, chantée en wolof, avec son roi Youssou Ndour et qui puise ses racines dans la musique traditionnelle des Sérères, le njuup. Les sonorités sont rythmées, saccadées, envoûtantes, entraînantes, un mélange d’instruments traditionnels et d’arrangements plus modernes. Mais la musique sénégalaise c’est aussi des monuments comme Doudou Ndiaye Coumba Rose, musicien percussionniste, le grand maître des tambours, classé par l’UNESCO «Trésor humain vivant » en 2006. Également Boubacar Joseph Ndiaye, conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, connu à travers le monde pour sa voix légendaire et ses récits poignants sur l’histoire de la traite négrière à Gorée. Yandé Codou Sène, chanteuse traditionnelle sérère, griotte officielle du président Léopold Sédar Senghor, dont la voix mélodieuse se reconnaît immédiatement lorsqu’elle entonne ses chants aux mélopées venues d’un autre monde. Elle est aussi classée «Trésor humain vivant». On peut aussi citer parmi les grands noms de la musique sénégalaise tous rythmes confondus : le maestro Ismaël Lô, Omar Pène, Coumba Gawlo Seck, Viviane Chédid, Cheikh Ndiguel Lô, Didier Awadi…
La danse sénégalaise, c’est surtout le «sabar», un rythme endiablé qui accompagne les battements effrénés des tam-tams qui font presque entrer en transe ceux qui succombent à leur son entraînant. Les sauts et les déhanchements sont spectaculaires, artistiques, souples et évoluent en permanence avec l’influence des jeunes générations de danseurs. La danse contemporaine, quant à elle, magnifiquement représentée avec la grande Germaine Acogny, fondatrice de «l’école des sables» de Toubab Dialaw, une référence dans la formation professionnelle des danseurs et chorégraphes de toute l’Afrique.
Sur l’écran, le septième art sénégalais est surtout connu à travers les chefs-d’œuvre d’Ousmane Sembène, virtuose de la littérature et du cinéma, nommé membre du jury du Festival de Cannes en 1967. Plus récemment, Alain Gomis, jeune espoir du cinéma sénégalais, qui a remporté l’Étalon d’Or au FESPACO ou encore Moussa Touré qui a concouru au Festival de Cannes dans la catégorie « Un certain regard », avec son film «La pirogue». D’autres noms se démarquent également notamment Moussa Sène Absa, Mansour Sora Wade et Joseph Gaï Ramak.

Le petit écran n’est pas en reste avec des troupes de théâtre qui longtemps ont fait la pluie et le beau temps dans le quotidien des sénégalais : Alioune Badara Diagne dit «Golbert Diagne» et la talentueuse Marie Madeleine Diallo, de la troupe «BaraYeggo» ou encore le duo myhtique Makhouradia Gueye et Baye Peulh, des talents purs sur les planches.
Le Sénégal s’exprime aussi à voix haute sur le plan de la mode et du stylisme avec des divas reconnues : Collé Sow Ardo, la reine du pagne tissé comme on la surnomme et iniatrice de la Sira Vision, Oumou Sy, Sadiya Guèye, Diouma Dieng Diakhaté ou plus récemment la jeune Adama Paris, créatrice de la Dakar Fashion week. Il faut reconnaître que les Sénégalaises sont réputées pour leur élégance et leur coquetterie.

La cerise sur le gâteau de l’art culturel sénégalais est sûrement la littérature : riche, engagée, éducative et pleine d’agréables surprises. Le président poète tout d’abord, Léopold Sédar Senghor, dont L’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française a fait le tour du monde. Abdoulaye Sadji, le grand maître dont les œuvres Nini, mulâtresse du Sénégal et Maïmouna sont encore aujourd’hui des références. Mariama Bâ, qui a écrit Une si longue lettre et Un chant écarlate et Aminata Sow Fall, auteure de La Grève des battù, décrites comme des plumes au talent certain. Birago Diop, autre nom célébrissime, qui a publié un livre de poèmes, Leurres et lueurs, et surtout ses fameux Contes d’Amadou Koumba. Ousmane Sembène, encore lui, auteur de l’excellent roman Les Bouts de bois de Dieu et Boubacar Boris Diop, qui a signé notamment Le Temps de Tamango, Les Tambours de la mémoire, Murambi, le livre des ossements ou Les Petits de la guenon, dont la particularité fut d’être d’abord écrit en wolof puis traduit en français. Plus proche de nous, Fatou Diome s’est fait connaître notamment grâce à son roman, Le Ventre de l’Atlantique.
Traditionnel, moderne, impossible de trouver un qualificatif qui convienne parfaitement à l’art sénégalais, tant il paraît en avance sur son temps et ce, peu importe l’époque sur laquelle le projecteur est dirigé.