
Un enfant de la rue devenu entrepreneur. Le Rwandais Jean Marie Vianney Habiyaremye a vécu pendant six mois dans les rues de Kigali. Aujourd’hui, il est à la tête de son entreprise et fabrique des bijoux et autres oeuvres d’art avec des cornes de vache. Parcours d’un combattant.
« Rien ne se perd et tout se transforme », c’est le leitmotiv de Jean Marie Vianney Habiyaremye. Ce jeune Rwandais a transformé sa vie et créé une entreprise de produits artisanaux en cornes de vache. Cet ancien enfant de la rue a retrouvé l’espoir en fabriquant des objets d’art de première classe.
Jean Marie a dû batailler fort pour en arriver là. Arpentant les rues de Kigali, il s’est accroché à l’entrepreneuriat pour s’offrir une vie sociale plus stable à un moment où son père était en prison.
«Mon père était en prison et nos conditions de vie allaient de mal en pis. Donc, en 2009, j’ai décidé de venir à Kigali à la poursuite d’une vie meilleure. Mais la chance n’était pas de mon côté, alors j’ai passé six mois dans les rues de Kigali» – Jean Marie Vianney Habiyaremye.
La chance sourit finalement à Jean Marie quand, au cours de la même année, lui et six autres enfants de la rue sont approchés par une femme japonaise qui leur enseigne les rudiments de l’artisanat.

«Je venais de passer six mois dans la rue et une bienfaitrice japonaise m’a récupéré. Pendant 3 mois, elle m’a appris à faire différents objets avec les cornes.»
Après sa formation, Jean Marie décide de faire de la transformation de cornes de vache son gagne-pain. Il présente sa collection au marché artisanal du Rwanda.
«J’ai décidé qu’au lieu de chômer, j’allais valoriser la corne qui ne servait à rien dans les boucheries» – Jean Marie Vianney Habiyaremye
De 20 000 francs rwandais (13 000 FCFA) en 2016, l’entreprise a une valeur estimée actuellement à 1 500 000 francs CFA. Le fondateur et président de Cow Horns Kigali, basé dans la commune de Kicukiro, à Kigali, produit différents types de bijoux et des ornements de cornes et de sabots de vache.

Angélique, la seule femme qui travaille pour Cow Horns Kigali, a redonné une touche féminine à cette aventure. La jeune femme de 19 ans, après un long moment au chômage, a trouvé son épanouissement dans cette entreprise.
«Après mes études secondaires, j’ai passé plusieurs mois sans emploi et puis j’ai vu Jean Marie expliquer ce qu’il faisait à la télévision. Je suis venu m’inscrire pour une formation de 3 mois et après, j’ai été embauché. Bien sûr, c’est fatigant et salissant pour une jeune fille, mais ce n’est rien quand on peut se payer tout ce dont on a besoin.» – Angélique
L’entreprise emploie sept jeunes, dont trois étaient des enfants de la rue. Ensemble ils redonnent une seconde vie, à eux et aux cornes de vaches.