Une équipe de scientifiques africains vient de recevoir une somme de 100 000 dollars pour développer une application mobile. La technologie fera usage de l’intelligence artificielle pour détecter les maladies des cultures. Avec cet outil, les scientifiques souhaitent aider des millions de petits exploitants africains à tirer profit de leur travail.

Le Groupe Consultatif pour la Recherche Agricole Internationale (CGIAR) a un nouveau défi avec cette subvention, obtenue lors de la conférence sur les grandes données en Colombie, le 21 septembre dernier. Cette rencontre s’inscrivait dans le cadre du Challenge Inspire de la Plateforme CGIAR pour le Big Data en Agriculture. L’entité aura pour mission de mettre en place une application mobile en 2018. Elle doit être utilisée, entre autres, contre la maladie des stries brunes du manioc et la mosaïque du manioc.

 

Selon l’équipe du programme de recherche du CGIAR, basée à Nairobi, l’application permettra de diagnostiquer avec précision les maladies sur le terrain et enverra des alertes par SMS aux agriculteurs dans les zones rurales du continent. David Hugues est professeur agrégé de biologie à l’Université de Penn State. Il dirige le projet et suggère à son équipe de continuer d’améliorer la convivialité de l’application. Le scientifique a confié à nos confrères du site SciDevNet que l’application a été conçue en 2012, mais qu’elle n’a été développée qu’en juin-septembre 2017, grâce à un financement d’environ 300 000 dollars US (environ 168 millions de CFA) de l’Université de Penn State.

«Nous pensons que la valeur la plus importante que nous allons créer se concrétisera à travers les vulgarisateurs (agricoles) qui aident déjà les agriculteurs.» – David Hugues

Ainsi, dans un premier temps, les scientifiques vont recueillir des images pour former la machine à identifier des maladies dans des cultures comme la banane, la patate douce et l’igname. La démarche de l’équipe se veut aussi inclusive en créant des applications en langue locale.

«Pourque cette application génère l’impact souhaité, les développeurs doivent collaborer avec des fournisseurs de services et des spécialistes de la santé des plantes et des financiers pour résoudre les problèmes.» – Peter Okoth, Agronome consultant à Newscape Agro Systems Ltd

Les scientifiques ont aussi tiré la sonnette d’alarme sur les conséquences du virus du manioc, qui à lui seul cause des pertes de plus de 1 milliard de dollars par an en Afrique et menace la sécurité alimentaire et financière de plus de 30 millions d’agriculteurs en Afrique de l’Est et en Afrique centrale.

Nourrir 1,5 milliard de personnes en 2030 et 2 milliards en 2050 est l’immense défi auquel est confrontée l’Afrique. L’objectif pour les prochaines décennies est de garantir la sécurité alimentaire pour une population croissante et de plus en plus urbanisée, créer de la richesse et des emplois dans les zones rurales en particulier, tout en réduisant les inégalités et la vulnérabilité et en protégeant le capital environnemental et humain. La participation de la technologie, avec la mise en oeuvre d’applications, vient à point nommé pour l’atteinte de ces objectifs.