«Transformer», c’est le mot qui revient le plus dans le discours de Sobel Aziz Ngom. Ce sénégalais de 27 ans a l’ambition de changer des vies et le système politique du pays, afin qu’il soit davantage en symbiose avec les besoins de la population. Pour y arriver, il a mis en place Social Change Factory (SCF), une entreprise qui propose un vaste programme de leadership, de citoyenneté et d’entrepreneuriat. Sobel nous a ouvert ses portes au 3e étage d’un imposant immeuble sur l’avenue Cheikh Anta Diop, à Dakar.

Sobel Aziz Ngom n’est pas le seul à nous accueillir quand on ouvre les portes de son bureau. On croise aussi les regards de Barack Obama et de Nelson Mandela, tout sourire. Les deux personnalités politiques brillent dans son espace de travail. Une véritable source d’inspiration pour le directeur général de SCF.

 

«Nelson Mandela, c’est quelqu’un qui m’inspire énormément avec sa théorie du pardon et aussi son sens stratégique des choses.»

L’engagement du leader de SCF est d’abord social. Une vocation qui lui est venue à la suite d’un séjour à Diofior, une localité de l’ouest du Sénégal, située dans le Sine-Saloum, entre Joal-Fadiouth et Fatick. Cette présence en zone rurale fut un déclic pour Sobel. Le jeune étudiant prend alors conscience de la souffrance des enfants en milieu rural. Les aider et leur proposer une assistance scolaire devient une priorité pour lui.

Très rapidement, Sobel réalise qu’aider les autres lui permet de grandir et de s’épanouir.

«Je pensais que moi en tant qu’urbain qui savait des choses j’allais venir aider. J’ai tellement appris en termes de rationalisme, d’humilité […] Tu vas dans une maison, elle est extrêmement bien rangée. Tout est parfait, il y a un effort esthétique de propreté, rien d’extravagant.»

Sobel tombe littéralement amoureux de la ruralité et met en place le programme objectif bac. Lui et son équipe créent un cadre de solidarité de paires à paires, pour contrer l’injustice du système éducatif qui handicape des milliers de futurs bacheliers sénégalais chaque année. Objectif bac invite des jeunes étudiants émérites à sortir de leur carcan universitaire et familial, pour se lancer dans une grande aventure humaine en faveur d’autres jeunes du milieu rural. Ils sont invités à partager leurs connaissances et compétences avec leurs cadets candidats au bac.

L’école est au coeur de l’action de Sobel Aziz Ngom. Le taux d’échec au bac, qui est de 70% ces deux dernières années, écœure l’ancien élève du Cours Sainte-Marie de Hann.

«C’est une catastrophe nationale en termes d’investissements. Si on avait investi ainsi en bourse et perdu les 2/3 de ce qu’on a investi, ce serait une catastrophe économique.»

Sur la question de l’éducation, Sobel veut des changements structurels. L’école au Sénégal ne semble pas apporter les vraies solutions à l’essor du pays. Le jeune leader considère qu’il y a un manque de leadership.

«Il nous faut des plombiers, des menuisiers, des ingénieurs parce qu’on a un pays à construire. On a des problèmes dans le fond, des problèmes dans la forme et un désintérêt public, semble-t-il, de la question de l’éducation.»

#Soyonssolutions: plus qu’un hastag, une méthode de pensée

C’est pourquoi l’action de Social Change Factory va plus loin. Avec l’émission Voix des jeunes, diffusée au Sénégal sur la 2stv, plusieurs jeunes de nationalités différentes rivalisent sur des questions communes. Une façon de faire ressortir la question de l’unité africaine.

« En Afrique, on a des micro-États. L’intégration africaine est encore théorique. Elle vient d’en haut. Pour nous, on essaie de prendre l’intégration par le bas.»

C’est lors d’un séjour aux États-Unis en 2014 que Sobel Aziz Ngom s’est rendu compte de la diversité du continent africain. Avec le programme du Young African Leaders Initiative, institué par le président Obama, le jeune sénégalais rencontre toute la beauté, la créativité et le talent africains. Une autre prise prise de conscience qui stimule chez Sobel l’envie de réunir les Africains.

Diffusée dans cinq pays ouest-africains: Sénégal, Guinée, Côte d’Ivoire, Burkina Faso et le Tchad, la Voix des Jeunes se rapproche de plus en plus du public. Cette année, en plus du changement de format (Voix des Jeunes sera en format télé-réalité), l’émission sera diffusée également en wolof pour atteindre un plus grand nombre.

Aujourd’hui, Sobel propose une école alternative qui stimule le sentiment d’appartenance chez l’enfant. Le jeune homme de 27 ans a créé un système de rétro action, où ceux qui ont besoin reçoivent et redonnent à leur tour. C’est le mouvement du besoin reçu et rendu qui est le fondement de la démarche de Sobel Aziz Ngom.

De son propre aveu, Sobel Aziz Ngom est un extraverti qui a besoin de gens autour de lui. Son dynamisme rejaillit sur ses collaborateurs. Grâce à la vision qu’il a mise en oeuvre, Sobel arrive à relever des défis auxquels font face plusieurs gouvernements du continent.