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La préservation des langues africaines s’impose désormais comme un enjeu culturel et identitaire fondamental. Sur un continent qui abrite près d’un tiers des langues parlées dans le monde, le silence gagne du terrain. À mesure que la mondialisation s’intensifie, que les écoles privilégient les langues coloniales et que les jeunes migrent vers les centres urbains, de nombreux idiomes ancestraux menacent de disparaître.

Un héritage linguistique fragilisé

Selon l’UNESCO, près de 200 langues africaines sont actuellement en danger. Le phénomène touche notamment des langues parlées par des communautés réduites, souvent marginalisées dans les politiques linguistiques nationales. Or, chaque langue en déclin emporte avec elle une manière unique de concevoir le monde, de transmettre le savoir et d’entretenir les liens sociaux.

Le numérique, outil de résistance

Face à cette érosion, des initiatives locales et panafricaines s’organisent. Des linguistes, enseignants et militants investissent les technologies numériques pour documenter, enseigner et promouvoir les langues locales. Applications mobiles, podcasts, dictionnaires en ligne ou projets de numérisation des archives orales : la résistance s’orchestre désormais à travers l’innovation.

Une question d’inclusion

La préservation des langues africaines dépasse le cadre culturel. Elle pose une question politique et sociale centrale : qui a le droit à la parole dans l’espace public ? Intégrer les langues africaines dans l’éducation, la justice ou les médias favorise une citoyenneté active, une meilleure inclusion sociale et une réduction des inégalités d’accès à l’information.

Des États encore timides

Si certains pays comme le Rwanda, le Mali ou l’Éthiopie ont intégré plusieurs langues locales dans l’enseignement, la majorité des États africains hésitent encore à rompre avec les logiques héritées de la colonisation. Le manque de formation des enseignants, de matériel pédagogique adapté et de volonté politique freine l’essor du plurilinguisme institutionnel.

L’enjeu d’une mémoire vivante

La préservation des langues africaines est aujourd’hui plus qu’un combat pour le passé : c’est un pari pour l’avenir. En protégeant la richesse linguistique du continent, l’Afrique assure la continuité de ses savoirs, la diversité de ses récits et la vitalité de ses cultures.