
Originaire du Mali, Fatoumata Diawara est une des voix qui font la fierté du continent africain. Invitée à se produire à l’ouverture du Louvre d’Abu Dhabi, prévue le 11 novembre prochain, elle enchaîne les concerts et les collaborations à l’étranger. Portrait d’une artiste qui a réussi à exporter sa culture avec brio.
La vie de Fatoumata Diawara est un condensé d’aventures. Née de parents maliens, elle voit le jour à Abidjan, en Côte d’Ivoire, et y passe une partie de son enfance. À l’âge de dix ans, ses parents décident de l’envoyer à Bamako, où elle habite chez une tante. Déjà une artiste dans l’âme, elle commence à pratiquer la danse, le chant et le théâtre. Toutefois, les réalités de la société malienne la rattrapent vite : si elle reste, comme toutes les autres adolescentes de son entourage, elle devra se marier avant même d’avoir atteint l’âge adulte.
Ainsi, en 2002, dans l’espoir de fuir un destin qu’elle n’a pas choisi, elle signe un contrat d’une durée de six ans avec la troupe Royal de Luxe, basée en France. Forte de ses précédentes expériences, notamment l’interprétation du premier rôle féminin dans le film La Genèse, du cinéaste malien Cheick Oumar Sissoko, en 1999, ou encore l’interprétation du personnage principal dans le film franco-burkinabé Sia : Le Rêve du Python, en 2001, elle fait ses bagages, achète un billet aller simple pour Paris et entame sa quête du bonheur.
Commence alors une carrière brillante pour la jeune artiste. En effet, elle multiplie les collaborations avec les plus grands noms du monde musical : la chanteuse américaine Dee Dee Bridgewater, l’auteur-compositeur malien Cheikh Tidiane Seck ou encore la grande dame de la musique malienne, Oumou Sangaré, dont les chansons l’ont bercée pendant toute son enfance.
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Cela dit, l’accomplissement qui fera d’autant plus connaître Fatoumata Diawara sur la scène internationale est sans doute son premier album, intitulé «Fatou », une confession intime où elle crie sa libération.
«Je ne cherchais pas à ce que cet album soit un bilan de ma vie, mais il l’est devenu. Ma vie est bourrée d’incompréhensions liées à l’enfance, d’émotions qui n’ont pas été nommées. En Afrique, il y a beaucoup de barrières entre les générations, la communication n’est pas fluide, je n’ai pas pu m’y faire.» – Fatoumata Diawara
Dans l’univers de Fatoumata, jazz, blues, folk et techno épousent les notes d’instruments de musiques traditionnels tels que la kora ou le balafon. Un mélange de sonorités qui a su charmer les publics africain et européen. Cette année, elle a d’ailleurs collaboré avec le chanteur français Mathieu Chedid sur l’album Lamomali, dans lequel il exprime sa passion pour la culture malienne qui, bien qu’elle souffre de l’expansion du terrorisme au Sahel, rayonne encore par sa richesse, sa force et son authenticité.
«La musique est une forme de discours politique. La population accorde plus d’importance et de respect aux chanteurs Oumou Sangaré et Salif Keïta qu’au président de la République. Aux artistes d’utiliser leur notoriété à bon escient. Mes textes sont engagés. J’essaie de faire passer des messages de façon légère et joyeuse.» – Fatoumata Diawara
Seule Africaine figurant dans la liste des artistes qui se produiront à l’ouverture du Louvre d’Abu Dhabi, Fatoumata Diawara a réussi à faire un compromis qui n’est pourtant pas facile : rester fidèle à ce qu’elle est, tout en exportant son art aux quatre coins du monde. Il n’est donc pas surprenant qu’au Mali, tout particulièrement auprès des femmes, elle soit un véritable exemple de réussite et d’enculturation. Son parcours prouve qu’une femme peut atteindre la gloire, sans forcément que celle-ci se rattache à un homme.
«Nous devons continuer à chanter. Les femmes ont besoin de motivation. Nous devons réveiller les consciences des femmes et leur dire : ne baissez pas les bras, continuez!» – Fatoumata Diawara
Conçu par l’architecte français Jean Nouvel, le Louvre d’Abu Dhabi accueillera également le trompettiste libanais Ibrahim Maalouf, la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum ou encore la danseuse caribéenne Toto La Momposina, entre autres.