
Avec plus de 40 ethnies présentes sur son territoire, le Bénin possède une grande diversité culturelle. La population se regroupe autour de trois ethnies principales : les Adja-Fon, les Yoruba et les Bariba. Bien qu’elles occupent des territoires différents, ces ethnies cohabitent en parfaite harmonie.
Le Bénin, dont le territoire est peuplé depuis la préhistoire d’après les découvertes archéologiques qui y ont été effectuées, a connu de nombreuses vagues migratoires. Les principales ethnies du pays en font partie et leur venue sur le territoire est accompagnée d’une légende.
Les Adja-Fon
Ils sont originaires de la cité de Tado, au Togo. Selon la légende, la fille du roi de Tado rencontra un jour une panthère (emblème du Bénin), qui lui donna un fils du nom d’Agasu. Élevé à la cour du royaume, il devint père de nombreux enfants dont l’un d’entre eux, Adjahuto, tua le prince héritier et s’enfuit avec le crâne et la lance d’Agasu vers Allada, où il fonda son royaume. Ses fils devinrent aussi rois : Meidji régna sur Allada, Zozérigbé sur Porto-Novo et Do-Aklin sur la région de Bohicon. Le neveu de ce dernier, Houégbadja, créa le royaume d’Abomey. Leurs descendants sont les Adja, les Xwla, les Huéda, les Ayizo, les Mahi et les Gun. Mais la branche la plus importante, apparentée aux Adja est celle des Fon, fondateurs du puissant royaume d’Abomey. Les Fon sont l’ethnie la plus importante du pays et la langue fon est parlée sur presque tout le territoire.

Les Yoruba
Les Yoruba, aussi appelés les Nago, occupent le sud-est et le centre du pays. Originaires de l’actuel Nigéria, les Yoruba sont implantés depuis des décennies au Bénin. Le mythe qui leur est associé raconte qu’Odudua, leur ancêtre qui a fondé la ville d’Ifé au Nigéria, envoya ses fils fonder de nouveaux royaumes. Les descendants du royaume d’Ifé créèrent ainsi les royaumes de Savé et de Kétou. La plupart sont des commerçants et dominent le marché de Dantokpa, à Cotonou (un des plus grands d’Afrique de l’Ouest). Les Yoruba, qui sont installés au nord de Porto-Novo, sont tournés vers l’agriculture. Enfin, les Afro-brésiliens, descendants d’anciens esclaves affranchis revenus du Brésil, sont également d’origine yoruba.
Les Bariba
Également originaires du Nigéria, les cavaliers bariba auraient envahi Borgou il y a environ 500 ans. Leur chef, Séro Sykia, fonda ensuite la ville de Nikki, qui devint le centre d’un puissant empire réunissant les royaumes de Kouandé, Parakou et Kandi. Les Bariba se différencient selon leur appartenance sociale :
– Les Wassangari : aristocratie des cavaliers originaires de Busa.
– Les Gando : autrefois esclaves, ils sont devenus cultivateurs ou artisans.
– Les roturiers : cultivateurs ou artisans descendants des populations préexistantes.
Contrairement aux Yoruba et aux Adja qui ont été évangélisés, les Bariba pratiquent toujours une religion traditionnelle basée sur le culte des ancêtres, des esprits et des génies.
Les Peuls
Aussi appelés Fulbe et Fulanis, les Peuls ont fait l’objet de nombreuses recherches sur leurs origines. Disséminé dans toute l’Afrique de l’Ouest, ce peuple de pasteurs est vraisemblablement issu des populations qui habitaient le Sahara au néolithique et qui auraient peint les fresques de Tassili.
Nomades et éleveurs de bovins, certains ont été islamisés (Peuls noirs), d’autres ont gardé leurs croyances traditionnelles (Peuls rouges). Au Bénin, les Peuls cohabitent harmonieusement avec les peuples sédentaires et se rencontrent surtout dans le nord du pays, faisant paître leurs troupeaux dans la vallée du fleuve Niger. Chaque année, à la fin de l’hivernage, toute la communauté se retrouve à Kandi pour célébrer la grande fête du Gereol.

Il faut aussi citer les Bètammaribè, aussi appelés Somba, qui vivent dans l’Atakora depuis plusieurs générations. Leurs ancêtres se seraient réfugiés dans les montagnes pour échapper aux cavaliers bariba et aux invasions esclavagistes du royaume d’Abomey. Les Berba, les Yowa venus du Togo et les Gulmaceba venus du Burkina Faso se sont greffés à eux. On trouve aussi dans le nord-ouest les Dendi, qui ont quitté le Mali et au sud, les Mina, originaires du Ghana et peuplant la région de Grand-Popo.
Toutes ces ethnies, ayant des origines différentes, ont cependant adopté une histoire commune et des croyances et rituels qui pour la plupart se ressemblent, comme c’est le cas en ce qui concerne les scarifications.

Ces dernières représentaient, pour les populations du Dahomey, un moyen de marquer leur appartenance familiale. Cette pratique permettait de définir l’appartenance à un groupe ethnique ou à une classe de la société. On dénombre au Bénin près d’une soixantaine de groupes socioculturels et chez presque tous, on retrouve des scarifications rituelles et identitaires. De dimensions variables, elles sont esquissées soit sur les tempes, par exemple chez les Peuls ; soit, comme chez les Haoussa, des tempes au menton ou encore sous les yeux et sur les joues. Il s’agit alors de véritables balafres.

Selon la dimension des scarifications et l’endroit du visage où elles se situent, il est possible de classer les individus. Parfois, les scarifications ont une vocation thérapeutique ou visent à protéger l’individu. Un autre type de scarification, dénommée «Abikou», existe aussi et est destinée aux nouveau-nés afin de leur permettre de survivre.
Chaque groupe ethnique a un dessin qui lui est propre. Deux stries verticales inscrites à cinq endroits sur le visage signalent par exemple un individu de la famille adjovi de Ouidah, tandis que deux stries verticales au-dessus de chaque tempe sont propres aux forgerons hountondji. Chez les Houéda, on remarque deux stries sur chaque joue, aux tempes et au front. Cependant, trois stries horizontales sur chaque joue indiquent un individu d’Oyo.