Malick Sidibé

À travers « Mali Twist », la Fondation Cartier revient sur l’œuvre de l' »œil de Bamako », disparu il y a un an. L’exposition va durer jusqu’au 25 février 2018.

1963, Happy Club, Bamako. Dans un club de danse de la capitale malienne, un couple de jeunes esquisse des pas de twist. On imagine le craquement du vinyle sur la platine et les enceintes qui vibrent au son de Johnny Hallyday et des Chats sauvages. Au cœur de la piste, derrière le viseur de son appareil photo, Malick Sidibé. Il a 28 ans et vient de réaliser un des clichés les plus emblématiques de la photographie africaine : « Nuit de Noël », qui sera même sélectionnée parmi les 100 photographies les plus influentes de l’histoire, selon le magazine américain Time.

 

 

 © Collection Fondation Cartier pour l'art contemporain
Regardez-moi, Malick Sidibé, 1962. © Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain

Malick Sidibé fait revivre le Mali des années 1960

À l’époque, Malick Sidibé parcourt les soirées de la capitale avec son Kodak Brownie Flash pour photographier cette jeunesse découvrant les danses venues d’Europe et de Cuba. Un vent de liberté souffle sur Bamako. Les couples se déhanchent sur du twist, du rock’n’roll et des musiques afro-cubaines. Les jeunes filles portent la minijupe et les garçons le patte d’éph. « Tous les vendredis et samedis soir, des surprises-parties étaient organisées, il fallait le dernier vêtement à la mode, le meilleur 45 tours. Malick devait être là pour que la fête commence. On voulait être photographié. C’était l’œil de Bamako, tout le monde le connaissait et il connaissait tout le monde », explique André Magnin, commissaire de l’exposition, ayant contribué à faire connaître le travail de l’artiste en Occident. Le lendemain, les jeunes se retrouvent sur les rives du fleuve Niger pour se baigner et pique-niquer toujours devant l’objectif de Malick Sidibé. « Malicki », comme on le surnomme alors, devient le « reporter de la jeunesse ». Témoin privilégié des soirées bamakoises des années 1960-1970, il photographie en noir en blanc la vie culturelle et sociale de sa ville en pleine effervescence depuis l’indépendance du Mali en 1960. « Après la proclamation de l’indépendance, il y avait beaucoup d’espoir, d’euphorie et de liberté. Les jeunes avaient besoin de ces fêtes pour s’émanciper. La photographie était une manière de s’affirmer et de reprendre le contrôle de son image », témoigne l’écrivain malien Manthia Diawara, qui a grandi dans le même quartier que l’artiste, « un grand frère » pour lui.

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