
La culture sud-africaine rayonne de grands noms connus sur le plan international. Que ce soit sur en littérature, en musique ou en danse, la nation arc-en-ciel possède de nombreux joyaux à découvrir.
Myriam Makéba est sans doute la plus illustre des personnalités sud-africaines. Affectueusement surnommée «Mama Africa», elle a souffert de l’apartheid, mais a offert à sa nation l’une des plus belles pages de sa culture. Zenzile Makeba Qgwashu Nguvama de son vrai nom est une femme marquée par les épreuves. Elle a passé les six premiers mois de sa vie derrière les barreaux, à cause d’un délit de sa mère au tout début de l’apartheid. Elle a perdu son mari, puis sa fille.
Sa voix, qui transmet à la perfection ses émotions, a bercé son peuple et promis des lendemains meilleurs en dénonçant la cruauté de la ségrégation, pendant une période où l’injustice et la violence régnaient sur son pays. Devenue célèbre par son tube «Pata pata», elle a parcouru les scènes du monde entier, jusqu’à la tribune de l’ONU, afin de dénoncer l’apartheid. C’est cependant son apparition dans le film anti-apartheid «Come Back Africa», de l’Américain Lionel Rogosin, qui sera la goutte d’eau de trop pour le régime. À la mort de sa mère, en 1960, elle ne peut assister à ses obsèques, sous le coup d’une interdiction de séjour en Afrique du Sud. C’est le début d’une longue vie en exil. Destituée de sa nationalité, elle a hérité de 9 passeports différents et de 10 nationalités honorifiques, faisant d’elle une citoyenne du monde. Elle est décédée le 9 novembre 2008 à Castel Volturno, en Italie.

L’Afrique du Sud possède sans doute l’une des plus riches palettes de musiques traditionnelles du continent. On retrouve plusieurs styles : le kwela, le jazz sud-africain, le marimba, le mbaqanga, la pop sud-africaine, le » bubble gum « , le kwaitoet la deep house.
Outre le célébrissime «Come back Africa» en 1959, le cinéma sud-africain n’a pas à rougir de ses productions. Aventure plutôt cocasse, en 1916, alors que le cinéma africain en est à ses balbutiements, le premier long-métrage en langue afrikaans, «Die Voortrekkers», de Harold Shaw, est produit. Durant le tournage, les figurants noirs engagés pour jouer le rôle des Zoulous se prirent tellement au jeu que, l’attaque lancée, ils ne voulurent pas s’arrêter. La situation vira au drame lorsqu’essayant de les arrêter, les autorités intervinrent à balles réelles, faisant un mort.
Au box-office, deux grandes productions ont raflé la mise ces dernières années. Il s’agit de «Mr Bones» qui comprend un trio de vedettes : le plus grand producteur du pays, Anant Singh, l’acteur adulé Leon Schuster et le réalisateur Gray Hofmeyer. En 2005, «Tsotsi», produit par Gavin Hood, a déchainé les passions. Le film raconte l’histoire d’un gangster de Johannesburg.
Quelques films :
- Le Cri de la liberté, de Richard Attenborough, avec Denzel Washington (1988).
- Inside, d’Arthur Penn, avec Nigel Hawthorne (1996).
- Un monde à part, de Chris Menges (1988).
- Drum, de Zola Maseko (2004). Grand Prix Fespaco.
- Zulu Love Letter, de Ramadan Suleman (2006). Tanit d’argent à Carthage.
- Promised Land, de Jason Xenopoulos (2002).
- Max & Mona, de Teddy Mattera (2004). Meilleur premier film, Fespaco.
- Faith’s Corner, de Darrell James Roodt (2005).
- Jerusalema, de Ralph Ziman (2008).
- Invictus, de Clint Eatswood (2009).
- Long Walk to Freedom, de Justin Chadwick (2013).
La danse sud-africaine a été, ces dernières années, une véritable révélation sur les planches du monde. Contemporaine, sportive, cabaret, le pays a réussi à se hisser au sommet des nations reconnues dans cet art avec notamment de nombreux ambassadeurs. On peut citer le collectif «Moving Into Dance», de Sylvia Glasser et Vincent Mantsoe ; Robyn Orlin, acclamée dans le monde entier, Johann van der Westhuizen du «Performing Rites Company» ; Suzette le Sueur et «The Dance Factory» ; Nelisiwe Xaba, Mlu Zondi ; Ntando Cele ; «la Pact Dance Company» ; «The First Physical Theatre Company», de Gary Gordon ; «le Soweto Dance Theater» ; « leCapab Ballet» ; Boyzie Cekwana, du «Floating Outfit Project» et la bondissante troupe «Street Beat», dirigée par la Sowetane Isabelle Doll.

Le monstre de la littérature sud-africaine est sans conteste le regretté André Brink qui, pourtant descendant de Boers, a usé de son influence afin de lutter contre l’injustice et la cruauté de l’apartheid. Il a toujours déploré la page noire de l’Afrique du Sud et a reçu de nombreuses récompenses. Antjie Krog est également une référence pour son engagement à dénoncer l’apartheid. Née «Afrikaner», elle va, très jeune, s’extirper du carcan familial et s’engager dans la lutte contre l’apartheid. Ses poèmes ont été lus à deux reprises à l’occasion de la prise de fonction des présidents de la République Nelson Mandela et Thabo Mbeki. Nadine Gordimer, également engagée contre l’apartheid, était proche de l’ANC de Nelson Mandela. Prix Nobel de littérature en 1991, la romancière a consacré une large part de son œuvre à la description des ravages causés par les distinctions raciales. Décédée le 14 juillet 2014, elle laisse derrière elle treize romans, deux cents nouvelles et plusieurs recueils d’essais. Mazisi Kunene (1930-2006) est très attaché à sa culture zouloue et à son KwaZulu-Natal. La plupart de ses écrits relatent les étapes de la vie de ce peuple et les exploits de son illustre chef Chaka. Mais il fut également un porte-voix de la lutte anti-apartheid et l’un des chantres de la négritude.
Quelques romans :
- Mon coeur de traître, Rian Malan (1990, Sélection du Reader’s Digest).
- Un long chemin vers la liberté, Nelson Mandela (1990, Fayard).
- On n’est pas tous comme ça ! Jane Goosen (1994, Actes Sud).
- Retour au paradis (1994, Grasset) et Le Coeur-Chien (2005, Actes Sud), de Breyten Breytenbach.
- Disgrâce, J. M. Coetzee (2002, Seuil).
- Le Vallon du diable, André Brink (2002, Actes Sud).
- La Douleur des mots, Antjie Krog (2004, Actes Sud).
- Triomf, Marlène Van Niekerk (2005, Édition de l’aube).
L’art le plus authentique et le plus estimé de l’Afrique du Sud reste cependant les peintures rupestres qui sont très protégées du fait de leur fragilité. Quelques lieux sont accessibles à la visite comme à Kimberley, dans les parcs du KwaZulu-Natal, dans l’État libre, au Kruger ou à Bushman’s Kloof. On les retrouve également dans les musées, comme celui de Pietmaritzburg, le McGregor de Kimberley, le Museum Africa de Johannesburg ou le National de Bloemfontein.