
La capitale portugaise est une ville cosmopolite dotée d’une communauté africaine dynamique. Rien d’étonnant à ce que la seconde édition de la Moda Africa Eth(n)ical Fashion Week s’y soit déroulée fin janvier. Parmi les quatorze stylistes invités, huit Lusophones, dont trois Guinéens et quatre Angolais, comme la Guinéenne Lausiana Santos et l’Angolaise Irina Diniz Ferreira.
Les créateurs expérimentés tels que la Sénégalaise Adama Paris ou la Kényane Liz Ogumbo ont côtoyé de jeunes talents comme l’Ivoirienne Mathilde Me-We ou le Mozambicain Omar Adelino. Le pari de la manifestation est expliqué par Sofia Vilarinho, présidente de l’Association de la mode africaine, à l’origine de ce projet basé sur des principes éthiques, le commerce équitable et la responsabilité sociale :
« Grâce à une sélection rigoureuse des collections, cet événement va contribuer à faire émerger une mode africaine contemporaine et durable, tout en plaçant Lisbonne sur la carte de la mode internationale. »
La lutte contre l’obsolescence de la mode est devenue la raison d’être de l’Ougandais José Hendo au travers de son mantra R3, soit réduire, réutiliser et recycler.
« La nature est l’essence de la mode. Si nous ne lui accordons pas de la valeur, alors la mode n’est plus une passion mais juste une sorte de fascination », prévient la Namibienne Nikola Conradie.
Toute l’aventure a commencé en 2011 lorsque la styliste Sofia Vilarinho, après avoir étudié la capulana, l’habit traditionnel au Mozambique, a lancé un projet éducatif et social dans le cadre de son doctorat en design de la mode durable. En partenariat avec le centre de formation professionnelle Modatex, le projet visait à former aux techniques modernes les tailleurs africains vivant dans la région de Lisbonne.
Marginalisés, ces immigrés travaillaient essentiellement pour la communauté africaine lisboète, tout en important des tissus africains. Détenteurs d’un savoir-faire traditionnel transmis oralement, « ces couturiers africains coupent directement le textile sans aucun patron », précise Sofia Vilarinho.
Or, grâce à cette certification professionnelle acquise en respectant les principes du recyclage, ils ont pu s’insérer plus facilement dans le marché du travail. C’est donc tout naturellement que cette expérience a donné envie à Sofia Vilarinho de promouvoir dès 2015 une approche éthique et écologique de la mode africaine avec la première Moda Africa Eth(n)ical Fashion Week.
Source: Lisbonne, porte d’entrée d’une mode africaine éthique