Crypto et blockchain

Longtemps perçues comme des outils spéculatifs réservés aux initiés, les technologies crypto et blockchain connaissent une adoption croissante en Afrique, portée par des usages concrets et des besoins locaux. Sur un continent où plus de 57 % de la population n’a pas accès aux services bancaires traditionnels, ces innovations deviennent des leviers d’inclusion financière, de traçabilité et de gouvernance.

Une adoption portée par les usages

Selon le rapport 2024 de Chainalysis, l’Afrique subsaharienne a enregistré 125 milliards de dollars de transactions en crypto entre juillet 2023 et juin 2024. Le Nigeria se distingue avec 59 milliards de dollars, se hissant à la 2ᵉ place mondiale en matière d’adoption. Ces chiffres traduisent une utilisation quotidienne des cryptomonnaies pour les paiements, les transferts de fonds et les microtransactions.

Les stablecoins, en particulier, jouent un rôle clé dans les économies touchées par l’instabilité monétaire. En Éthiopie, les transactions en stablecoins ont augmenté de 180 % en un an, permettant aux entreprises de contourner les pénuries de devises étrangères.

Blockchain : au service de la transparence et de l’innovation

Au-delà des cryptomonnaies, la blockchain s’impose comme une technologie de confiance. En Côte d’Ivoire, la plateforme COCOBLOCK garantit la traçabilité du cacao équitable grâce à un registre infalsifiable. En Ouganda, Agréger sécurise les contrats agricoles, réduisant les litiges et augmentant les revenus des producteurs de 30 %.

Des startups comme Kotani Pay au Kenya permettent à la diaspora d’envoyer de l’argent via la blockchain à des frais jusqu’à 70 % inférieurs aux services traditionnels. Ces exemples illustrent une adoption qui dépasse la spéculation pour répondre à des enjeux concrets : inclusion, transparence, souveraineté.

Vers une régulation adaptée

Malgré cet essor, la régulation reste un défi. En 2024, 36 % des pays africains imposaient encore des restrictions ou interdisaient les cryptomonnaies. Toutefois, des initiatives émergent : l’Afrique du Sud a reconnu les cryptos comme produits financiers, et le Sénégal a lancé son premier centre dédié au Bitcoin.

Pour que crypto et blockchain deviennent des piliers du développement africain, il est essentiel de renforcer l’éducation numérique, d’adapter les cadres juridiques et de soutenir les innovations locales. L’Afrique ne se contente plus d’observer la révolution numérique : elle en devient un acteur stratégique.