Logistique

Une conférence organisée jeudi 9 mars par Tanger Med S.A. et Jones Lang Lasalle sur les enjeux logistiques du “dernier mile“ a réuni plus de 150 experts et professionnels. Le dernier mile compte pour 28 à 38 % du coût de transport de marchandises.

Dans le sens de l’import, le dernier mile dans le jargon des transporteurs et des logisticiens est l’opération logistique qui va de l’arrivée du conteneur au port jusqu’à sa livraison au client. Dans le cas d’une opération d’exportation, c’est ce qui sépare le moment où le conteneur quitte une usine ou un entrepôt jusqu’à son arrivée sur le quai.

Habitudes de consommation, démographie, localisations industrielles: Le changement est permanent

L’importance du dernier mile a progressivement émergé au cours des 50 dernières années avec la croissance des échanges mondiaux, la hausse des coûts de transport, la demande pour plus de rapidité et aujourd’hui, la révolution informatique 4.0 et l’Internet des objets.

Ces changements accélèrent des flux modifiés par les tendances démographiques et de localisation des productions industrielles sur la planète.

L’Américain Walter Kemmies, de Jones Lang Lasalle, a rappelé que 90% des marchandises dans le monde sont transportées par la voie maritime. “Il faut se rappeler également que tous les ports ne servent pas les mêmes marchés et que transporteurs maritimes et distributeurs sont aujourd’hui en conflit: les transporteurs veulent de plus grands bateaux alors que les seconds veulent des navires plus petits pour distribuer directement de manière plus précise“. Pour Kimmies, “la solution réside dans plus d’intermodalité“, donc plus de choix dans les modes de transport et de livraison.

Parmi les grandes tendances qui affectent le transport et la logistique, Kimmies en cite deux: la démographie tout d’abord avec un vieillissement des populations européenne et asiatique qui consomment plus de services et moins de biens manufacturés. 50% de la population japonaise et 40% de la population européenne auront plus de 55 ans en 2020.

La deuxième tendance-clé pour Kimmies est le shift actuellement en cours en matière de production. De la Chine, les productions manufacturières vont vers l’Inde et l’Indonésie en Asie, vers le Mexique et la Colombie en Amérique du Sud pour se rapprocher des marchés consommateurs de biens et services et pour fuir la hausse des salaires touchant la Chine. “Entretemps, a-t-il également rappelé, la population mondiale a doublé en 50 ans pour atteindre 7,3 milliards tandis que les accords de libre-échange multiplient les échanges intercontinentaux ».

Tanger Med s’adapte

Tanger Med doit “améliorer son organisation verticale sur la chaîne logistique et le fameux dernier mile mais également son organisation verticale en échangeant avec les autres ports régionaux“, a souligné Kimmies.

Hassan Abkari le directeur du port passagers de Tanger Med a souligné le travail collaboratif fait avec Algésiras “en vue de faire du Détroit de Gibraltar un nœud logistique leader dans le monde“. “Des réunions se tiennent toutes les six semaines pour régler des problèmes ponctuels ou structurels et des études sont réalisées en commun, notamment sur le schéma du navire-type idéal pour le transport des passagers“, a-t-il souligné. Des échanges existent également avec les ports de Barcelone et de Motril, a indiqué M. Abkari.

Tanger Med exporte principalement aujourd’hui du “frigo“ (produits agricoles frais et pêche), des produits industriels qui ont besoin de “just in time“ comme la confection et des composants automobiles, des voitures, effectue du transbordement et enfin transporte près de 2 millions de passagers entre les deux rives du Détroit de Gibraltar chaque année.

Hassan Abkari a détaillé devant l’assistance le schéma du corridor export marocain qui de Dakhla à Tanger Med en passant par Agadir, Marrakech et Moulay Bousselham draine des dizaines de milliers de conteneurs jusqu’aux quais du port tangérois.

Pour le directeur du port passagers, “la création du port de Kénitra entraînera progressivement une spécialisation“ soulignant toutefois “qu’en matière portuaire l’offre précède la demande“. Le Maroc compte près de 10 ports sur sa côte atlantique longue de 3.000 km.

Source: Logistique. Relever les enjeux du « last mile » à Tanger Med