
Dubai, la ville Etat des Emirats arabes unis, est devenu une place stratégique pour faire du business en Afrique, avec l’Afrique et à destination de l’Afrique.
Certes Paris, Londres, Genève ou encore Bruxelles, ces places fortes de la vieille Europe, resteront encore des points de passage de toute stratégie visant à investir sur le continent. Mais le monde a changé. Des acteurs inattendus, mais plus adaptés aux réalités de l’époque, avec un état d’esprit différent, une vision et une projection sur l’avenir plus conformes aux ambitions de la nouvelle génération des élites africaines, sont apparus. Avec des dirigeants politiques et économiques désinhibés et sans le fardeau du complexe colonial, du paternalisme et de la condescendance de l’Occident, ils s’activent à tisser de nouveaux liens avec l’Afrique.
Dubai et les Emirats en font partie et débarquent dans l’horizon économique africain de manière tout à fait surprenante et avec des arguments indiscutables. Dubai est aujourd’hui la 7e ville la plus influente du monde d’après un classement établi par Forbes. Toutes les 90 secondes, un avion se pose ou décolle de son aéroport dont le nouveau complexe en construction en fera le plus grand du monde. Toutes les minutes 100 conteneurs sont débarqués au port de Jebel Ali. Chaque jour 30000visiteurs choisissent de s’arrêter à Dubai et, en 2016, la ville a accueilli 12millions de touristes pour une population de 2millions d’habitants.
Dubai, qui est aussi développée en termes d’infrastructures urbaines et plus intégrée en termes de diversité ethnique et raciale que New York, Paris ou Londres, a réussi son positionnement pour le business de niche. Sa connectivité aérienne et sur le plan de la logistique portuaire, sa stratégie avant-gardiste dans les services financiers, la digitalisation poussée de son économie et de son administration, la banalisation de la culture high-tech, et l’ouverture médiatique sont autant d’éléments qui l’ont propulsé sur la scène mondiale comme le hub stratégique de choix. Mais pourquoi donc l’Afrique? Une anecdote rapportée par Jerey Singer, l’ancien président de Dubai international financial center (DFIC), résume parfaitement le nouveau tropisme africain des acteurs économiques de la cité Etat.
Au cours d’un petit déjeuner d’affaires avec les patrons des 15 plus importantes banques domiciliées à Dubai, il leur a posé une question simple: «Qu’avez-vous à l’esprit?» La réponse unanime a été: «L’Afrique». D’après Jerey Singer, tous sont engagés dans des négociations pour des deals sur le continent, et tous souhaitent savoir comment le DFIC peut les aider. Tous voient des opportunités en Afrique: dans le secteur minier, l’agriculture, les infrastructures, les télécommunications, le tourisme, etc. Et sont prêts à financer ces opportunités. Jerey Singer précise qu’il ne s’agit pas que de banques multinationales occidentales. Les banques indiennes et chinoises, elles aussi considèrent Dubai comme un hub pour l’Afrique.
Les chiffres parlent d’ eux-mêmes. Depuis 2002, les échanges hors pétrole entre Dubai et l’Afrique ont progressé de plus de 700%. Entre 2008 et 2013, les échanges commerciaux ont crû de 147% atteignant 27 milliards de dollars. Ces données prennent tout leur sens lorsqu’on note qu’une nouvelle génération d’hommes d’affaires africains y compris des commerçants se sert de Dubai comme base pour développer ses activités sur le continent.
Comment l’Afrique peut-elle capitaliser cette relation naissante avec Dubai? Quelle stratégie mettre en place? Quelle approche sur le plan de la diplomatie économique nos États doivent-ils développer? Comment les champions africains doivent-ils procéder pour tirer avantage de ce hub qui leur ouvre les bras? Il est urgent d’apporter des réponses concrètes à ces questions.