
Lancée officiellement le 1er janvier 2021, la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF) rassemble aujourd’hui 54 des 55 pays africains, formant un marché unique de plus de 1,4 milliard de consommateurs. En 2025, alors que la mise en œuvre entre dans une phase plus technique, il est temps de faire un point sur les avancées de la ZLECAF. En effet il faut dresser un bilan et défis lucides, en explorant les avancées concrètes, les défis systémiques et surtout les leviers d’action.
De réels progrès dans l’intégration commerciale
D’après la Commission économique pour l’Afrique (CEA), la ZLECAF pourrait permettre une hausse de 52 % des échanges intra-africains d’ici 2025. À ce jour, plusieurs jalons ont été atteints :
- 80 % des lignes tarifaires sont déjà engagées dans le démantèlement douanier
- Des certificats d’origine numériques sont en phase pilote dans huit pays
- Des plateformes régionales de règlement des différends ont été créées
Des corridors stratégiques comme Lagos-Abidjan ou encore Lobito-Dar es Salaam sont en cours d’aménagement pour réduire les coûts logistiques, actuellement parmi les plus élevés au monde (15 % du prix final des biens, contre 6 % en Asie).
Les défis structurels restent nombreux
Malgré ces progrès, l’union douanière africaine fait face à des obstacles majeurs, à la fois techniques, institutionnels et sociaux :
Infrastructures défaillantes
Avec seulement 43 % de routes pavées sur le continent, la circulation des biens reste lente et coûteuse. Le manque de connectivité numérique entre systèmes douaniers complique aussi l’harmonisation régionale.
Barrières non tarifaires
La suppression des droits de douane est contrecarrée par des mesures comme :
- Contrôles multiples aux frontières
- Taxes locales spécifiques
- Normes techniques non alignées
Ces barrières coûtent aux entreprises africaines l’équivalent de 14 % du chiffre d’affaires en pertes logistiques et délais.
Inégalités de capacités
Alors que certains pays, comme le Rwanda ou le Ghana, adoptent rapidement les procédures de la ZLECAF, d’autres manquent de moyens humains, techniques ou juridiques. Ce déséquilibre retarde l’adhésion totale au protocole.
Inclusion limitée des PME et des femmes
Les PME représentent 90 % du tissu économique africain. Cependant, elles manquent souvent d’accès à l’information, aux financements et aux chaînes de valeur régionales. Les entrepreneures africaines, quant à elles, font face à une double exclusion : économique et structurelle.
Perspectives stratégiques (2025–2030)
Pour faire de la ZLECAF un véritable levier de transformation économique, plusieurs axes stratégiques doivent être renforcés :
- Investir dans les infrastructures physiques et numériques via des partenariats public-privé
- Créer des guichets uniques régionaux pour les PME et startups
- Former les douaniers et harmoniser les procédures commerciales
- Adopter une approche inclusive en intégrant les femmes, les jeunes et les coopératives rurales dans la chaîne de valeur du commerce
Axe stratégique | Objectifs clés |
---|---|
Harmonisation réglementaire | Supprimer 97 % des droits de douane, aligner normes techniques et phytosanitaires |
Financement des infrastructures | Réduire le déficit (~100 milliards $/an), accélérer les corridors Abidjan–Lagos, Lobito etc. |
Digitalisation & PAPSS | Étendre le système de paiement panafricain, atteindre couverture ARPU de 37 → 60 % |
PME et chaîne valeurs régionales | Renforcer les secteurs manufacturiers, agro‑alimentaires, promouvoir agro‑processing |
Énergies renouvelables | Projets transfrontaliers (solaire/éolien/géothermie), intégration du Single Electricity Market |
Inclusion & genre | Salaires non qualifiés +10,3 %, femmes +10,5 % vs hommes +9,9 % (Banque mondiale) |
En 2025, la ZLECAF n’est plus un simple projet : c’est un instrument géopolitique d’émancipation. Elle est capable de réduire la dépendance extérieure, d’accélérer l’industrialisation et de catalyser une croissance inclusive. Pour activer pleinement le potentiel de la ZLECAF, une action synchronisée entre financement public/privé, réformes institutionnelles et digitalisation est indispensable. Si ces conditions sont réunies, la ZLECAF pourrait transformer durablement l’économie africaine entre 2025 et 2035.
[…] ailleurs, des programmes comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offrent de nouvelles opportunités de marché aux entrepreneurs engagés dans des pratiques […]