
Le domaine des arts n’est pas le point fort du Bénin. Il mérite tout de même qu’on s’y attarde, du fait des efforts constants fournis pour son évolution et des initiatives mises en place pour sa revalorisation depuis quelques années.
La littérature béninoise est presque exclusivement rédigée en français. Elle s’éveille dès 1929 avec la publication de L’Esclave, de Félix Couchoro, un auteur prolifique. Toutefois, l’auteur qui a très certainement le plus marqué les débuts du roman au Bénin est Olympe Bhêly-Quenum. Avec Le Chant du lac, il offre une œuvre inspirée d’un mythe ancien qui est aussi une critique sociale. Pendant la période coloniale, allant de 1894 à 1960, Paul Hazoumé s’impose comme la référence de la littérature béninoise, avec son roman Doguicimi (1938), qui reste encore aujourd’hui son œuvre la plus connue.
L’ouvrage, qui relate les usages ayant cours dans le royaume du Dahomey, est une ode à la tradition béninoise et s’inspire des contes et légendes historiques. C’est également le cas de Maximilien Quenum qui lui aussi tire son inspiration de la tradition orale et des épopées relatant les œuvres des figures traditionnelles béninoises dans son roman Les Trois légendes africaines. En revanche, son autre œuvre, Au pays des fons, us et coutumes du Dahomey (1936), tient davantage du récit historique que du conte.
Au lendemain des indépendances, avec l’éveil des esprits et les critiques sur la vie politique, Jean Pliya signe une pièce dramatique qui deviendra une référence en la matière avec La Secrétaire particulière (1970). Dans cette œuvre, il raconte l’histoire d’une jeune femme, sérieuse et jolie, qui devient la secrétaire d’un fonctionnaire véreux. Mais si Jean Pliya est devenu célèbre au Bénin dans le domaine du théâtre, il le doit surtout à Kondo le Requin, une pièce où il décrit les derniers jours du royaume du Dahomey et du règne de Béhanzin.

Plus proches de nous, de nombreux auteurs contemporains tentent tant bien que mal de maintenir à flot la littérature béninoise, trop souvent négligée par les autorités culturelles du pays. On peut citer parmi eux : Florent Couao-Zotti, qui s’est d’abord fait remarquer par une pièce de théâtre, Ce soleil où j’ai toujours soif (1995), puis par son roman Un enfant dans la guerre, qui a été récompensé par le grand prix ACCT de littérature africaine pour l’enfance en 1996. Ken Bugul est Sénégalaise d’origine, mais est devenue béninoise par alliance et a vécu pendant longtemps à Porto-Novo. Elle est l’auteure de neuf romans, dont Le Baobab fou (1983), qui a fait scandale à sa parution, et Riwan ou le chemin de sable (1999), qui a reçu le grand prix littéraire de l’Afrique noire l’année de sa parution.
La bande dessinée béninoise possède quelques illustrateurs qui méritent d’être cités, notamment Joseph Akligo avec Sokrou ou les méfaits des sacs plastiques (1998), ou encore Hector Sonon, qui a permis à la BD béninoise de rayonner grâce à son œuvre Zinzo et Sagbo.
Le cinéma béninois se déroule plutôt derrière la caméra avec quelques cinéastes qui tentent de lui apporter ses lettres de noblesse. C’est le cas de Pascal Abikanlou, l’un des plus anciens du milieu, qui s’est fait remarquer en 1974 avec Sous le signe du vaudou ou de Jean Odoutan, un réalisateur vivant à Paris qui a tourné de nombreux films, notamment La Valse des gros derrières, La Porte de non-retour et Mama Aloko, sorti en France en 2002. Depuis cette année, Jean Odoutan organise Quintessence, un festival annuel de cinéma. Richard de Medeiros quant à lui s’est illustré, avec Le Roi est mort en exil, sorti en 1970, qui relate l’exil du roi Béhanzin en Algérie. Son dernier film, intitulé Téké, Hymne au Borgou, est sorti en 2008. On ne saurait oublier l’acteur hollywoodien Djimon Hounsou, une fierté du peuple béninois, qui a brillé lors de la sortie du film Amistad.

Les sculpteurs béninois pour leur part puisent surtout leur inspiration des croyances religieuses, en particulier du vaudou. On peut citer entre autres Simonet Biokou, forgeron de formation qui s’est tourné vers l’art de la récupération. Avec des chaînes de vélo, des ressorts et diverses pièces mécaniques, il fabrique des divinités vaudoues ou de simples personnages de la vie quotidienne.
Les frères Dakpogan, artistes originaires de Porto-Novo, doivent leur renommée à leurs « dieux de fer », fabriqués avec des matériaux de récupération et mettant en scène le Gou, divinité vaudoue de la guerre et des métaux.
La danse traditionnelle béninoise se veut un témoignage du courage des hommes pendant les guerres ou du passage des jeunes filles d’un même groupe d’âge au statut de jeunes femmes. Le zinli est une danse traditionnelle qui remonte au temps des rois Dahomey. Elle tire son nom de l’instrument avec lequel la musique est jouée, une sorte de tambour. Dans la légende, le prince Gbéyin, futur roi GLELE (1858 – 1889) aurait créé le zinli au XIXe siècle, à l’occasion des funérailles d’un des amis de son père (le roi Guezo (1818 – 1858)). Il s’agit d’un rythme funéraire qui s’inscrit maintenant dans le registre des musiques populaires.
La musique est d’ailleurs la forme d’art la plus populaire au Bénin. Les différents styles de musique traditionnelle sont toujours très vivants, notamment les musiques guélédé et egougoun (sud-est), têke et tipenti (nord), tchink (Savalou), zinlin et juju.

Angélique Kidjo est très certainement l’artiste de la scène musicale béninoise la plus connue au monde. Originaire d’Ouidah, elle chante sur des rythmes de funk afro, mais puise également dans les sonorités traditionnelles et soul.
Gnonnas Pedro a été longtemps le vétéran de la salsa béninoise. Depuis 1995, il faisait partie d’Africando, un groupe panafricain excellant dans la musique afro-cubaine. Il s’est éteint en 2004.
Les Frères de Sang chantent a capella une musique d’inspiration traditionnelle dans un registre de variétés.
Stan Tohon est l’inventeur du tchink system. Le tchink, l’abrégé de tchinkoumen (tchen-coumé), est une musique originaire de la région de Savalou, et pour avoir modernisé ce genre musical, Stan Tohon a été baptisé » le roi du tchink system « .
Le groupe Eyo’nle Band, originaire de Porto-Novo, associe cuivres et percussions et joue une musique inspirée des rythmes du sud-est du pays (notamment gun et yoruba), mais qui n’en reste pas moins très jazzy.
Fâ est un groupe de jazz marqué par une fusion des rythmes traditionnels africains et de la musique de la diaspora africaine (jazz, reggae, funk, soul et salsa).

Le Gangbé Brass Band, né en 1994, fusionne jazz et musique traditionnelle ponctuée de rythmes vaudous.
Neil Oliver est surnommé » le plus américain des Béninois » non seulement parce qu’il chante en anglais, mais aussi parce que sa musique est un mélange de funk, de soul et de techno. Baby Girl est son plus grand tube.
Ana Teko s’est fait connaître en chantant dans les églises du christianisme céleste. Son répertoire se compose essentiellement de reprises des tubes d’Angélique Kidjo.
Gbessi Zolawadji, originaire de la région d’Ouidah, est un artiste incontournable. Ses titres, au rythme entrainant, sont inspirés du rythme agbadja.
GG Vickey, aujourd’hui décédé, est l’un des artistes les plus connus. Surnommé le » Georges Brassens du Dahomey « , ce fut non seulement un chanteur, mais aussi un parolier prolifique.
Albums à découvrir
- Mister Blaaz : Ghetto Blaazter (2008)
- Lionel Loueke : Heritage (2012)
- Angélique Kidjo : Djin Djin (2007)