Folha Mouftaou (à gauche) et son ami David Gnonlonfoun

Deux jeunes entrepreneurs béninois transforment la plante la plus invasive au monde en fibre dépolluante. Leur entreprise envisage déjà de pénétrer les marchés congolais, nigérian et gabonais.

 

Au Sud du Bénin, les populations lacustres du lac Nokoué l’appellent « togblé », ce qui signifie en langue fon « la rivière est gâtée ». La jacinthe d’eau est en effet, une plante aquatique flottante qui se développe à vitesse vertigineuse.

 

Dix de ses petits peuvent générer jusqu’à 100 000 plants en moins d’un mois.

Folha Mouftaou, David Gnonlonfoun, Green Keeper Africa,
Pour les populations lacustres du lac Nokoué, la jacinthe d’eau est un véritable fléau aquatique Crédits photo: GKA

Elle n’est pas naturellement néfaste. Elle le devient. Laissée à elle-même, dans un premier temps, elle purifie les cours d’eau. Mais arrivée à une certaine maturité, elle empêche la pénétration des rayons solaires dans l’eau et contribue à la raréfaction de l’aération. Ce qui est une menace pour les poissons.

Cercle vertueux écologique et socio-économique

Le Belgo-béninois Folha Mouftaou, pédiatre de formation et le Franco-béninois David Gnonlonfoun, ingénieur en bâtiment ont eu l’idée d’un cercle vertueux, à la fois écologique, social et économique.

« On part d’un problème de déchets verts, de plantes envahissantes. On fait travailler des riverains pour les récolter, on les transforme et on en fait des produits qui sont utilisés dans la dépollution », explique Fohla Mouftaou, Cofondateur de Green Keeper Africa (GKA).

La plante collectée est séchée puis transformée dans une machine conçue par les deux amis.

Folha Mouftaou, David Gnonlonfoun, Green Keeper Africa, Afrique Avenir, Rémy Nsabimana, BBC Afrique
Pour un gramme de fibre, GKSorbe peut absorber entre 6 et 10 grammes d’hydrocarbures, d’huile de vidange. Crédits photo:GKA

GKA propose deux « produits phares » : GKSorb, la fibre absorbante pour le contrôle des pollutions par les hydrocarbures et les solutions de restauration des sols.

« On a développé toute une série de mode de collecte avec les communautés concernées, et le fruit de cette collecte sert de matière première que l’on valorise en produits destinés au marché africain », ajoute Fohla Mouftaou.

En plus du Bénin, la jeune entreprise lorgne déjà le Congo Brazzaville, le Nigeria et le Gabon. Des pays africains qui, comme le Bénin, connaissent aussi le fléau de la jacinthe d’eau.

Source: GKA : l’ingénieuse solution béninoise contre la pollution