
Française amoureuse du continent, Pauline Boutroy, fondatrice de la structure d’appui Madeleo, s’implique dans plusieurs projets de grande envergure pour faire avancer l’Afrique à grand pas. Portrait d’une passionnée qui s’engage sur tous les fronts.
Lorsqu’elle s’exprime sur l’Afrique, son visage s’illumine d’un large sourire. Et pour cause, Pauline Boutroy est une amoureuse du continent, où elle se rend régulièrement. En février, elle a ainsi lancé une campagne de crowdfunding en partenariat avec Baby Lab, un espace d’innovation situé dans la commune populaire d’Abobo à Abidjan, axée sur la transition numérique.
Rien ne prédestinait pourtant cette française née dans une fratrie de 4 enfants à aller à la rencontre du continent. En 2003, après l’obtention du CESIMAD (Certificat d’étude supérieur internationale de commerce et développement), délivré par l’Ecole Supérieur de Commerce et de Développement à Lyon, elle entre dans la vie active, non sans heurts. Elle se rend vite compte qu’il est difficile d’évoluer dans un univers masculin lorsqu’on est une femme : son potentiel est largement sous-exploité par la plupart de ses employeurs. Elle retourne alors sur les bancs d’école, notamment au CNAM, où elle suit des cours pour parfaire ses connaissances en matière de gestion de compétences et des talents, une problématique qu’elle a su très vite identifier.
En parallèle, animée par la fibre viticole -transmise par sa mère, viticultrice- la jeune femme décide de se lancer à la conquête du marché du vin en Afrique. Son point de chute sera Abidjan, une ville dans laquelle elle s’installe et s’immerge, au point de se voir attribuer affectueusement par ses amis ivoiriens trois noms différents, issus de l’ethnie Baoulé : Adjoua, Aya et Ablema.
Son long séjour dans le « Manhattan des tropiques » lui permet de prendre conscience que la métropole offre des opportunités d’affaires à chaque coin de rue, tous secteurs confondus : TIC, santé, finance, agrobusiness… Elle constate aussi que la perception extérieure de l’Afrique est souvent négative alors qu’il y existe un incroyable vivier d’entrepreneurs et de start-ups en quête de visibilité internationale.
« J’ai toujours détesté la pitié et l’image de misérabilisme de l’Afrique. J’y ai vu autre chose : un espace où l’on peut respirer, car à chaque pas, germe une nouvelle idée. Ce continent est riche alors que nous sommes saturés en Europe » explique-t-elle. « Les potentialités économiques de l’Afrique, la jeunesse de sa population, la possibilité d’ouvrir de nouveaux horizons lui ont certainement plu », ajoute sa sœur Céline, impressionnée par son parcours professionnel.
Pendant plus de six mois, elle sillonne méthodiquement le terrain, rencontrant une multitude de porteurs de projets pour connaitre leurs besoins et attentes, confrontant ses premières théories sur l’entrepreneuriat à la « réalité africaine » et s’entourant d’experts en la matière pour gagner en crédibilité, parmi lesquels Hermann Christian Kouassi, fondateur d’Incub’Ivoir, un acteur incontournable dans l’écosystème entrepreneurial ivoirien.
La persévérance de la jeune femme paie et débouche au final sur le lancement de Madeleo, une structure d’appui « destinée à créer un pont entre l’Europe et l’Afrique ». Le nom de l’entreprise reflète du reste pleinement la fusion de l’histoire personnelle de Pauline Boutroy avec son attachement profond au continent : Madeleine est ainsi le prénom de sa grand-mère tandis que le terme swahili « Maendeleo » signifie progrès, croissance et que Leo le lion africain est mondialement connu !
Son initiative a d’ores et déjà donné l’occasion de mettre davantage en lumière les talents qui construiront la Côte d’Ivoire de demain : Bacely Yorobi, créateur de SocialSpot, Géraldine Vovor, PDG de Diaspora Got Talent ou Thierry Ido Wallon, co-fondateur de FramiTech.
De même, Pauline Boutroy s’est associée à Obin Guiako, Président de Baby Lab, pour construire une plateforme de e-learning dédiée à la formation des enfants aux TIC et ont lancé ensemble à cette occasion une campagne de financement participative, toujours en cours. Un soutien particulièrement apprécié.
« Pauline nous a convaincu d’apporter sa contribution au BabyLab dans notre mission de promouvoir la science et l’innovation africaine. L’une de ses grandes qualités est qu’elle est au-dessus des formes de pensées ou vision qui tendent à ne pas valoriser ce continent. » atteste Obin Guiako, très fier de cette collaboration.
Autre combat mené par Pauline Boutroy, la valorisation de l’entrepreneuriat féminin francophone. C’est tout le sens du récent partenariat avec l’association «Femmes de Demain», présidée par Christine Bruno Jouan, l’adjointe au maire de Boulogne-Billancourt. Une bataille qui, par expérience personnelle, tient à cœur à la jeune femme et pour laquelle elle aimerait, là encore, faire la différence.
Source: Pauline Boutroy : une passion dévorante pour l’Afrique