Prête Vodou

À moins de quatre jours de la célébration du Nouvel An, des milliers de béninois, vivant dans les grandes villes du sud du pays, mais aussi de la diaspora s’exodent dans les campagnes pour sacrifier aux cérémonies traditionnelles de libations, a constaté mercredi Xinhua, à Cotonou, la capitale économique béninoise.

Depuis ce mercredi, au lendemain de la célébration de la nativité du Christ, des milliers de béninois, de toutes catégories socio-professionnelles confondues, par transports en communs, notamment des bus, des véhicules à neuf places et même par taxi-moto, communément appelé «Zémidjan», quittent les grandes villes du sud du pays, en l’occurrence, Cotonou, Porto-Novo, pour leurs différents villages d’origine à l’intérieur et au nord du pays, en vue de se remettre sous la protection d’un certain nombre de divinités pour la nouvelle année.

«Nous avons passé toute l’année sous la protection des vodoun et des (mânes) ancêtres. A quelques heures de la nouvelle année, nous devons leur témoigner notre reconnaissance tout en les vénérant et en demandant encore leur protection pour les douze prochains mois», a confié à Xinhua, Firmin Bossou, un sociologue dans l’une des universités privées de Cotonou.

Ces fêtes de fin d’année revêtent une importance particulière pour nous les «fon» d’Abomey. C’est une période de retrouvailles et de réjouissances familiales, a affirmé Paul Aho Gèlèlè, un prince de la lignée royale d’Abomey, venu de la Côte d’Ivoire. «C’est également le moment des cérémonies traditionnelles et des libations», a-t-il expliqué dans un entretien avec Xinhua.

Ces divinités, a-t-il précisé, sont déclinées autour des quatre éléments fondamentaux de la vie et du monde que sont la terre, l’eau, l’air et le feu. Selon les historiens béninois, le Vodou a des origines qui remontent à plusieurs milliers d’années. Sans autre précision, des découvertes archéologiques sur le littoral-ouest africain laissent penser que les cultes Vodou y étaient pratiqués depuis plus de 4000 ans.

Déjà vers la fin du 15ème siècle, ont-ils expliqué, des voyageurs et des commerçants européens décrivaient dans leurs récits des cérémonies et des temples Vodou. «Ces cérémonies, à l’image du temple Dangbé (python), au Bénin, n’ont pas connu de transformations majeures au cours des siècles», ont-ils ajouté. Le Vodou, qui n’est pas fondé sur une conception dualiste du monde (la vie et la mort, le ciel et la terre), signifie en langue Fon: «Ce qu’on ne peut élucider, la puissance efficace».

Il peut également se traduire par Dieu ou Esprit. Cette religion lie la nature et ses phénomènes à des divinités ou des esprits avec lesquels il est possible de communiquer, grâce au phénomène de la transe. Les adeptes du Vodou indiquent que ce dernier est l’émanation d’un créateur unique qui s’est manifesté dans les entités Mawu et Lissa, incarnations des principes masculin et féminin.

Aux yeux des «profanes», les rites et cérémonies Vodou peuvent passer pour de la pure superstition, de la magie noire, voire de la sorcellerie. Mais pour le Vodoussi (adepte du Vodou), ces rituels constituent un moment important de la vie où les dieux et les esprits des ancêtres exercent une influence positive directe sur la vie des êtres humains.

Selon les statistiques, 37% de la population béninoise, estimé à plus de 10 millions d’habitants, pratique les religions traditionnelles (animisme), alors que les catholiques représentent 27%, les musulmans 24% et les protestants 12%.