
À voir ma tête sur cette photo, on pourrait croire que je m’ennuie ou que je boude. En réalité j’étais fatiguée.
Entre une longue journée de travail et une séance d’écoute de plus d’une heure, ponctuée d’échanges passionnés, j’ai finalement posé mon grand crâne sur mon frêle bras.
J’aurais pu rentrer, me diraient certains, mais le moment que je passais était particulièrement exquis. Je suis donc restée jusqu’au bout de l’album.
Quel album ?

Celui de Tehui. Tehui est un rappeur ivoirien. En fait non, Tehui est un auteur, compositeur, interprète ivoirien. C’est plus juste. “Itinéraire d’un gars a-normal” est son premier album. Il compte 18 titres. Douze ! De nos jours, en Côte d’Ivoire, ce n’est déjà pas courant de sortir un album, à plus forte raison avec 18 titres.
Ce soir au Bushman café, nous étions une quinzaine de privilégiés, invités à éplucher 12 titres. L’idée de nos hôtes était de nous laisser le plaisir de découvrir les 6 autres sons plus tard. Ces 12 titres sont les plus représentatifs de “Itinéraire d’un gars anormal”. C’est donc muni de notre sensibilité et avec les éclairages de Tehui que nous avons écouté l’album.
Avant de faire mes petits commentaires sur chacun des titres, laissez-moi vous dire que cet album se rapproche sérieusement de la perfection en considérant la vision de son auteur. Ce n’est pas de l’à peu près. Il y a une vraie réflexion dernière, qui s’est concrétisée avec du “feeling”. Old school, Jazz, Production, Texte, puriste…font le champ lexical de l’album d’un gars qui vous laisse décider si oui ou non il est normal. Je vous dis ce que j’en pense à la fin de ma revue de l’album.
Je serai brève sur certains titres et bavarde sur d’autres !
– Weak weak wak
Il y a de la pêche et de l’humour dans ce titre. Ça démarre au quart de tour. Tehui avoue qu’il a voulu s’amuser et jouer le jeu des punchlines en titillant les autres rappeurs. Le titre nous fait plonge dans l’univers de Tehui avec du rythme et c’est très bien comme ça. Ma tête a fait oui oui tout le long.
– Vibin
C’est du rap sur du Jazz. Sur ce titre, on est davantage emporté par la musique que par le flow. On a même l’impression que Tehui était dans le même état que nous au moment de l’enregistrement. C’est très langoureux.
La family
Difficile de ne pas se dandiner quand on entend frapper la guitare. Tehui attaque automatiquement et Josey le rejoint dans un refrain super groovy. Régis, un ami artiste plasticien, m’a confié que l’univers de ce titre lui a fait pensé à “Urban Species”, un groupe de Hip-hop britannique. C’est vrai que leur titre “Spiritual love” a quelque chose de “La family” avec l’énergie en moins cependant. Ce troisième titre est le premier à avoir été révélé en vidéo à l’occasion de la sortie de l’album.
Itinéraire d’un gars anormal
Il y a de nonchalance dans ce titre. Le flow de Tehui perd de sa vitesse et c’est presqu’hyptonisant. Quand je lui en parle, il sourit et reconnaît qu’il a parfois cette réputation de “Lazy boy”. À partir de là, je me dis que cet album est un voyage à travers la personnalité, la sensibilité du rappeur. Il le dit : “J’ai voulu me faire plaisir avec cet album”. Mais je pense aussi qu’il a voulu nous faire plaisir, sinon il l’aurait gardé ses titres pour lui. Et Nunshak qui est assis près de lui souligne, en tant que producteur sur l’album, qu’il était important de ne pas seulement faire ce qu’on aime, mais de s’ouvrir aux mélomanes.
Nuit d’enfer
“Nuit d’enfer” n’est long ni court. Je l’ai très vite considéré comme un interlude. C’est l’histoire sombre et coupable d’un homme qui voit ses ambitions déjouées par le sort. Tehui relate l’histoire d’une façon qui vous laisse imaginer, entrevoir les scènes. On se croirait dans un polar avec la musique, et puis au moment où on s’y attend le moins, c’est fini. Il nous laisse sur un goût d’inachevé qu’on aime sans trop comprendre pourquoi. C’est d’ailleurs le titre qui a suscité le plus de discussions pendant la séance d’écoute. On a ri, on s’est interrogé, on a un peu polémiqué.
Liaison fatale
Là encore, Tehui est un narrateur. Il présente une scène comme s’il la dessinait. Un couple flirte outrageusement et une voix grave (de crooner) commente en arrière-plan. Elle me fait penser à Serge Gainsbourg dans “Je t’aime moi non plus”. Et puis il y a quelque chose dans les effets sonores ou la musique même qui fait à la fois disco et générique de film d’action. Je vais même jusqu’à penser à James Bond… Il y a une sensation danger imminent. Si vous avez déjà écouté ou quand vous aurez écouté, merci de me donner votre avis.
Lire la suite sur : Tehui : Mon itinéraire d’un album a-normal
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